22.10.09 - TPIR/GATETE - GATETE A ORDONNE DE TUER LES TUTSIS REFUGIES DANS UNE EGLISE (TEMOIN)

Arusha, 22 octobre 2009 (FH) - Une rescapée du génocide a affirmé mercredi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) que l'ancien directeur au ministère de la Famille et de la promotion féminine, Jean-Baptiste Gatete, avait ordonné de tuer les hommes tutsis qui s'étaient réfugiés dans une église du nord-est du pays en 1994.

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Ingénieur de formation, Gatete, qui est accusé de crimes de génocide et de crimes contre l'humanité, clame son innocence.

Selon cette survivante désignée par le nom de code BUY, des milliers de Tutsis, hommes, femmes et enfants, fuyant les massacres dans leurs villages, avaient espéré avoir la vie sauve à l'église catholique de Kiziguro, dans la préfecture de Byumba (nord-est).

Mais lorsque Gatete est arrivé dans la matinée du 11 avril 1994, en compagnie de soldats, il a ordonné aux miliciens Interahamwe de cesser de délester les réfugiés de leurs biens pour, au lieu de cela, tuer les hommes.

« Pour que les Inkotanyi (nom de guerre des rebelles du Front patriotique rwandais) ne puissent, à leur arrivée, trouver d'hommes tutsis en vie », aurait expliqué l'accusé, selon la déposition de BUY, quatrième témoin à charge.

Aussitôt après cet ordre, Gatete est parti, et une boucherie humaine a commencé, a raconté le témoin, soulignant que, quelques instants plus tard, la cour de l'église était jonchée de cadavres.

BUY a indiqué qu'au moment où certains miliciens se livraient aux tueries, d'autres violaient des femmes et des filles tutsies.

Toujours selon sa déposition, vers dix heures du matin, elle a été forcéé, de même que d'autres Tutsis encore en vie, à évacuer les corps pour les jeter dans une fosse située à quelques 500 mètres de l'église, une opération qui a duré plusieurs heures.

Entre temps, a poursuivi la rescapée, Gatete est revenu dans l'après-midi pour demander aux Interahamwe s'il y avait encore des Tutsis en vie.

« Les réfugiés qui étaient encore à l'intérieur de l'église ont été poussés dehors, puis tués et jetés dans la fosse », a-t-elle ajouté, précisant avoir survécu au carnage grâce à un milicien qui, après l'avoir reconnue, l'a aidée à s'éclipser.

Avant d'être nommé, en 1993, au ministère de la Famille et de la promotion féminine, Gatete, qui était membre du Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND, parti présidentiel à l'époque), avait dirigé, pendant une dizaine d'années, sa commune natale Murambi abritant la paroisse Kiziguro.

Selon le procureur, même si l'accusé n'appartenait plus officiellement à l'administration locale, pendant le génocide, il  continuait d'exercer son influence sur la police communale, les gendarmes et les milices dans sans région d'origine.

Gatete été arrêté le 11 septembre 2002 au Congo-Brazzaville et transféré deux jours plus tard au centre de détention du TPIR.

NI-ER/GF

 © Agence Hirondelle