Entre 3.000 et 5.000 Tutsis s'étaient réfugiés à l'église paroissiale de Mukarange, dans la préfecture de Kibungo (Est du Rwanda), selon ce témoin désigné par le pseudonyme BVP. « Il (Gatete) a tiré trois fois en l'air et le massacre a aussitôt commencé », a déclaré ce survivant du génocide, situant les faits au 12 avril 1994.
Ces tueries, au cours desquelles il a indiqué avoir perdu sa femme, ses enfants et sa mère, ont été perpétrées par 5.000 à 8.000 miliciens Interahamwe, selon le témoin.
Quelques instants auparavant, l'accusé avait, toujours selon cette déposition, distribué des fusils et des grenades à certains de ces miliciens. BVP a affirmé avoir vu, depuis le buisson où il était tapi, l'ex-haut fonctionnaire distribuer ces armes.
« S'il m'avait aperçu, il m'aurait tué », a déclaré l'homme qui témoignait en langue rwandaise.
Ingénieur agronome de formation, Gatete, qui est accusé de crimes de génocide et de crimes contre l'humanité, clame son innocence.
Avant d'être nommé, en 1993, au ministère de la Famille et de la promotion féminine, Gatete, qui était membre du Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND, parti présidentiel à l'époque), avait dirigé pendant une dizaine d'années sa commune natale Murambi, dans la préfecture de Byumba (nord-est).
Selon le procureur, même si l'accusé n'appartenait plus officiellement à l'administration locale, il exerçait toujours, pendant le génocide, son influence sur la police communale, les milices et les gendarmes, non seulement dans la préfecture de Byumba, mais aussi dans celle, voisine, de Kibungo.
Gatete été arrêté le 11 septembre 2002 au Congo-Brazzaville et transféré deux jours plus tard au centre de détention du TPIR.
Son procès avait été suspendu le 23 octobre, trois jours après son ouverture.
ER/GF
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