19.06.09 - TPIR/SYNTHESE HEBDOMADAIRE - POUR LA PREMIERE FOIS, LE TPIR REJUGE UN ACCUSE

Arusha, 19 juin 2009 (FH) - Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a ouvert mercredi le nouveau procès du lieutenant-colonel Tharcisse Muvunyi, rejugé pour incitation directe et publique à commettre le génocide à travers un discours qu'il aurait prononcé en mai 1994, dans le sud du pays.

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C'est la première fois qu'un accusé est rejugé au TPIR.

Dans sa déclaration liminaire, Charles Adeogun-Phillips, du bureau du procureur, a soutenu que ce discours qui comportait des proverbes et expressions rwandais a été interprété par les Hutus comme un appel à exterminer les quelque Tutsis encore en vie.

Le discours aurait été prononcé au centre de négoce de Gikore, dans la commune de Nyaruhengeri, en préfecture de Butare (sud).

Deux témoins entendus mercredi et jeudi ont indiqué être allés rechercher et tuer des Tutsis le lendemain.

La défense de l'ancien directeur des Affaires juridiques au ministère de la Défense, le lieutenant-colonel Ephrem Setako, s'est poursuivie cette semaine. La chambre a entendu des témoins d'alibi qui ont affirmé que l'accusé n'était pas dans sa préfecture natale de Ruhengeri (nord) les 7et 8 juin 1994. Le procureur allègue qu'à ces dates, Setako se trouvait dans sa région natale, occupé, avec d'autres responsables civils et militaires, à organiser les massacres de Tutsis. Les témoins à décharge cités cette semaine, des amis ou des membres de la famille du prévenu, ont déclaré que le lieutenant-colonel n'était pas sorti de Kigali durant les trois jours suivant l'assassinat du président Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994.

Par ailleurs, le procureur en chef du TPIR, Hassan Bubacar Jallow, demande aux autorités kenyanes de lui présenter les preuves de leur affirmation selon laquelle le financier présumé du génocide, l'homme d'affaires Félicien Kabuga aurait quitté leur territoire.

Dans une lettre au TPIR datée du 8 janvier dernier, les services d'immigration à Nairobi avaient indiqué que l'accusé n'était plus au Kenya.

Jallow a déclaré dans un entretien mercredi avec l'agence Hirondelle que malgré ses demandes répétées, le gouvernement kenyan ne lui avait toujours présenté les pièces attestant le départ et la destination de Kabuga.

La semaine prochaine sera marquée par deux grands événements : le jugement lundi dans le procès de l'ancien directeur de cabinet au ministère de l'Intérieur, Callixte Kalimanzira, et le début des réquisitoires mercredi dans l'affaires « Militaires II » impliquant quatre accusés, dont les anciens chefs d'Etat-major de l'armée et de la gendarmerie, les généraux Augustin Bizimungu et Augustin Ndindiliyimana.

ER/GF

© Agence Hirondelle