18.02.09 - TPIR/MILITAIRES II – IL ETAIT IMPOSSIBLE DE MAINTENIR L’ORDRE EN 1994, SELON UN TEMOIN

Arusha, 18 février 2009 (FH) - Un ancien officier de la gendarmerie rwandaise, le lieutenant-colonel Jean Marie Vianney Nzapfakumunsi, aujourd'hui citoyen français, a affirmé mercredi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), que cette force n'était plus en mesure de maintenir l'ordre public après le 6 avril 1994.

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« La situation tactique ne pouvait pas permettre d'arrêter les (miliciens) Interahamwe », principaux bras armés du génocide, a déclaré l'officier qui était chargé des opérations au camp de la gendarmerie de Kacyiru, dans la ville de Kigali, en 1994.

« Il y avait déjà un front, on ne pouvait pas ouvrir un deuxième front contre les Interahamwe », a affirmé Nzapfakumunsi venu défendre son ancien patron, le général Augustin Ndindiliyimana, chef d'Etat-major de la gendarmerie pendant le génocide. Selon lui, les gendarmes de Kigali étaient passés, après la reprise des hostilités, sous le commandement opérationnel de l'armée.

Le lieutenant- colonel Nzapfakumunsi a souligné qu'il n'était plus possible de mener des enquêtes ni de sévir contre les déserteurs de l'armée ou de la gendarmerie qui rejoignaient les miliciens.

« Il n'y avait plus de police militaire disponible ; il n'y avait plus de cachot, ni de prison, le personnel du parquet était en débandade, tout était bloqué », a soutenu le témoin.

Nzapfakumunsi a ensuite réfuté un témoignage entendu par la chambre en janvier 2006 et selon lequel des Interahamwe auraient été logés et armés au camp de la gendarmerie de Kacyiru en 1994. « C'est un mensonge. Je n'ai pas vu d'Interahamwe dans notre camp », a témoigné l'officier qui était interrogé par Me Vincent Lurquin, l'un des avocats de Ndindiliyimana

Il a par ailleurs déclaré que les miliciens Interahamwe ne portaient pas le général Ndindiliyimana dans leur cœur à cause des opérations que la gendarmerie avaient menées contre eux en 1992-1993.

« Lui-même était menacé », a dit le témoin, saluant en Ndindiliyimana, « un général soucieux du respect de l'ordre et de la loi ».

Lors du contre interrogatoire par Moussa Sefon du bureau du procureur, le témoin a cependant reconnu avoir appris plus tard, après son départ du Rwanda, que deux officiers gendarmes du camp Kacyiru avaient remis « des armes réformées » aux Interahamwe.

Ndindiliyimana est jugé avec trois autres officiers des anciennes Forces armées rwandaises (FAR) parmi lesquels l'ex- chef d'état-major de la l'armée, le général Augustin Bizimungu.

Inculpés de crimes de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre, ils clament tous leur innocence. Le procès s'est ouvert en septembre 2004.

ER/GF

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