08.09.09 - TPIR/KANYARUKIGA - LES TUTSIS DE NYANGE AVAIENT OPPOSE UNE RESISTANCE AUX ASSAILLANTS

Arusha, 8 septembre 2009 (FH) - Les Tutsis massacrés le 16 avril 1994 à l'église paroissiale de Nyange (ouest du Rwanda) avaient d'abord opposé une farouche résistance aux assaillants, selon un témoin entendu mardi par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

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Désigné par le nom de code CBY, le témoin qui était employé au presbytère de Nyange pendant le génocide de 1994, était cité par le procureur dans le procès de l'homme d'affaires Gaspard Kanyarukiga accusé d'entente en vue de commettre le génocide, génocide et extermination.

Selon la déposition, les attaquants avaient dû battre en retraite les 13 et 14 avril 1994.

Mais, le lendemain, a poursuivi le témoin, un des assaillants a fait usage d'une grenade, affaiblissant ainsi les Tutsis dont plusieurs furent  tués ce jour-là.

Les survivants s'étant barricadés à l'intérieur de l'église, les attaquants ont tenté en vain, selon CBY, de brûler l'édifice religieux après l'avoir aspergé d'essence.

Fulgence Kayishema, l'inspecteur de police de la commune Kivumu abritant l'église de Nyange, a alors eu l'idée de recourir à un bulldozer pour démolir l'église, a raconté CBY qui était interrogé par Tidiane Mara, du banc du procureur.

Il a indiqué que l'engin avait commencé sa besogne le 15 avril 1994 dans l'après-midi pour la terminer le lendemain, laissant ensevelis sous des briques et des tuiles, entre 2.500 et 3.000 Tutsis.

Ce sont les personnalités influentes de la région parmi lesquelles le maire de Kivumu, Grégoire Ndahimana, arrêté le mois dernier en République démocratique du Congo (RDC), et Kanyarukiga, qui ont ordonné la destruction de l'église, a affirmé le témoin.

« Qu'on détruise, il n'y a pas d'autre solution », auraient lancé ces leaders d'opinion, selon CBY qui devait encore être confronté aux questions des avocats de Kanyarukiga.

L'accusé, qui clame son innocence, a été arrêté en Afrique du Sud le 16 juillet 2004 et transféré 3 jours après au centre de détention du TPIR à Arusha, en Tanzanie.

Son procès a débuté le 31 août dernier.

ER/GF

© Agence Hirondelle