Inculpé de crimes de génocide et de crimes contre l'humanité, Ngirabatware est accusé d'avoir incité aux massacres de Tutsis dans sa région natale et d'avoir détourné des fonds publics au profit des miliciens Interahamwe, principaux bras armés du génocide.
Surnommé Mbio-Mbio (vite-vite, en swahili), Ngirabatware est originaire de la commune Nyamyumba, dans l'ancienne préfecture de Gisenyi (nord).
« Mbio-Mbio était quelqu'un de très important chez nous, c'était comme le dieu des habitants de Nyamyumba », a déclaré le témoin AN-AM, une femme originaire de la commune. « Quand nous l'apercevions, c'était comme si le Seigneur en personne nous rendait visite ».
Le procureur allègue que l'ex-ministre a abusé de cette influence pour inciter les Hutus de sa commune à massacrer les Tutsis en 1994.
Le reste de la déposition de Madame AN-AM s'est déroulé pour l'essentiel à huis clos.
Avant que le témoin n'entre dans le prétoire, Me Peter Herbert, l'avocat principal britannique de Ngirabatware, avait fait remarquer qu'elle avait changé les noms de ses parents.
Le Tanzanien Wallace Kapaya, du bureau du procureur, a reconnu que les noms mentionnés dans la déclaration initiale du témoin, en octobre 2002, étaient différents de ceux qu'elle avait donnés lors de son arrivée au TPIR.
La chambre présidée par le juge William Hussein Sekule a conseillé au défenseur d'aborder la question au moment du contre-interrogatoire du témoin.
Il est aussi apparu lors de ce débat qui a précédé l'audition, qu'un témoin du procureur, condamné au Rwanda pour son rôle dans le génocide, avait renoncé à venir à la barre, affirmant craindre pour sa sécurité. Un autre témoin de l'accusation est décédé.
Le procès se poursuivra mardi.
Arrêté en Allemagne le 17 septembre 2007, l'ex-ministre se trouve entre les mains du TPIR depuis le 08 octobre 2008.
Ngirabatware est, par ailleurs, gendre du richissime homme d'affaires en fuite, Félicien Kabuga, présenté comme l'argentier du génocide. Parent par alliance de l'ex-président Juvénal Habyarimana, Kabuga qui continue de narguer le TPIR, mènerait l'essentiel de ses affaires au Kenya, à quatre heures de route du siège du tribunal.
ER/GF
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