28.01.10 - TPIR/MUNYAKAZI - LA PERPETUITE REQUISE CONTRE LE DOYEN DES DETENUS DU TPIR

Arusha, 28 janvier 2010 (FH)- La prison à perpétuité a été requise jeudi contre le doyen des détenus du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), Yussuf Munyakazi, accusé de génocide et extermination.

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Avec ses 75 ans, ce propriétaire terrien qui s'était converti au commerce est le plus âgé des détenus du TPIR basé à Arusha, dans le nord de la Tanzanie.

« Il ne mérite rien d'autre que l'emprisonnement pour le restant de sa vie », a déclaré dans ses réquisitions le Nigérian Segun Jegede, du bureau du procureur.

« Le vieux », comme l'ont appelé de nombreux témoins, est essentiellement accusé d'avoir mené des attaques meurtrières contre des Tutsis qui avaient cherché refuge dans des églises de la préfecture de Cyangugu en avril 1994.

Selon l'acte d'accusation, ce père de 13 enfants, était le chef des miliciens Interahamwe de Bugarama, une des communes qui composaient cette préfecture du sud-ouest du Rwanda.

« Munyakazi a volontairement participé à la démolition de trois églises (Nyamasheke, Shangi et Mibiliz), tuant les Tutsis » qui y avaient cherché refuge, a assené le représentant du procureur.

« C'était une campagne bien coordonnée pour éliminer la population tutsie », a poursuivi Me. Jegede, assurant que « plusieurs témoins de l'accusation ont apporté des preuves consistantes démontrant que Munyakazi a participé aux massacres ».

Deux membres de la famille de l'accusé s'étaient déplacés de Bugarama pour suivre cette phase ultime du procès, à savoir une de ses filles et une arrière-petite-fille, venue avec son bébé qui gazouillait dans la galerie du public.

Pour sa part, l'avocat principal de la défense, le Tanzanien Jwani Mwaikusa, a plaidé l'acquittement, niant que son client ait jamais été un chef de milice ou participé aux massacres.

Le seul lien que l'accusé ait eu avec les Interahamwe est que l'un d'entre eux, un certain Tarek Aziz, louait une de ses maisons, a indiqué le défenseur.

S'agissant des massacres dans les trois lieux sacrés, le professeur Mwaikusa a affirmé avoir prouvé que son client n'était pas présent dans les parages de ces églises aux dates des tueries.

Munyakazi a été arrêté en mai 2004 dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) où il vivait sous un faux nom. Le verdict est attendu en mai prochain, selon la présidente camerounaise de la chambre, Florence Rita Arrey.

ER/GF

© Agence Hirondelle