22.02.10 - RWANDA/GACACA - UN CELEBRE GUERISSEUR ET UN INFIRMIER CONDAMNES A 30 ANS DE PRISON

Kigali, 22 février 2010 (FH)- Un célèbre guérisseur et un infirmier dans la force de l'âge ont été condamnés dimanche à 30 ans de prison ferme, après avoir été reconnus coupables de participation au génocide de 1994, a-t-on appris lundi.

2 min 2Temps de lecture approximatif

Le guérisseur Epaphrodite Nzeyimana, dit Mahoro, était jugé en révision par une juridiction gacaca de Kigali en déplacement dans le district de Kamonyi (centre du pays).

Il a été reconnu coupable d'organisation du génocide et réunions d'incitation au génocide, ainsi que de complicité dans plusieurs assassinats à Gatagara, un village du district de Kamonyi, a rapporté Radio Rwanda.

L'année dernière, il avait été acquitté de ces charges en appel, mais les plaignants avaient demandé un nouveau procès

Selon plusieurs sources concordantes, Nzeyimana avait disparu de son domicile après le génocide pour réapparaître quelques années plus tard, dans une localité du district de Muhanga (sud) avec son nouveau statut de guérisseur et un nouveau nom, Isidore Mahoro.

Il avait acquis une notoriété nationale en 2005 lorsqu'il avait proclamé avoir découvert un médicament contre le sida. De tous les coins du Rwanda, les malades déferlaient dans sa parcelle, transformée en pseudo centre hospitalier.

Une autre juridiction gacaca siégeant également dans le district de Kamonyi a confirmé la peine de 30 ans d'emprisonnement prononcée en décembre dernier à l'encontre d'un infirmier aujourd'hui âgé de 88 ans, Barnabé Rwanyabugigira, a-t-on appris du jury.

Pendant le génocide de 1994, Rwanyabugigira était responsable de la pharmacie de l'hôpital de Remera-Rukoma (centre du Rwanda), une propriété de l'Eglise presbytérienne au Rwanda (EPR).

La juridiction gacaca d'appel a confirmé sa responsabilité dans l'assassinat de sa collègue Marie Claire Umugiraneza, d'une autre femme prénommée Rachel, et de plusieurs autres tutsis venus se réfugier chez lui en 1994.

Avant de livrer ces tutsis aux tueurs, l'infirmier avait déclaré  ne pas les connaître et n'avoir aucune relation avec eux, selon des témoignages entendus au cours du procès.

Le 14 février, un témoin condamné pour le meurtre de Marie-Claire Umugiraneza, avait affirmé que l'infirmier avait ordonné à la jeune femme « d'enlever le tablier de l'hôpital avant d'être tuée ».

Inspirés des anciennes assemblées villageoises lors desquelles les sages réglaient les différends, assis sur le gazon (agacaca, en langue rwandaises), les tribunaux gacacas sont chargés de juger les auteurs présumés du génocide de 1994, à l'exception des « planificateurs au niveau » national, relevant de la compétence de la justice classique.

SRE-ER/GF

© Agence Hirondelle