24.03.10 - TPIR/BAGARAGAZA - BAGARAGAZA A PEUR DE LA COMPAGNIE DES AUTRES DETENUS DU TPIR

Arusha, 24 mars 2010 (FH) -  Michel Bagaragaza, un proche de l'ex-président Juvénal Habyarimana, condamné à 8 ans de prison après avoir reconnu sa responsabilité dans le génocide contre les Tutsis en 1994, a peur de la compagnie des autres détenus du  Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

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Selon le porte-parole du TPIR, Roland Amoussouga, l'ancien patron de la filière thé au Rwanda se trouve toujours au centre de détention du tribunal, « mais dans un quartier séparé des autres détenus ».

C'est la coutume au TPIR de séparer les détenus passés aux aveux des autres prisonniers, dont certains vont d'ailleurs jusqu'à nier la réalité du génocide des Tutsis d'avril à juillet 1994.

Mais pour Bagaragaza, qui a demandé pardon pour avoir apporté son appui aux miliciens Interahamwe, ce n'est pas là la seule raison de craindre pour sa sécurité. En effet, il a témoigné contre d'autres anciennes personnalités qui étaient poursuivies par le TPIR, parmi lesquelles Protais Zigiranyirazo, beau-frère de l'ex-président Juvénal Habyarimana.

La déposition de Bagaragaza, qui avait été présenté comme « un témoin clé » dans l'affaire Zigiranyirazo, n'a cependant pas convaincu les juges puisque le parent de l'ex- chef de l'Etat a été acquitté en appel en novembre dernier.

Ses craintes, l'ancien responsable économique les avait exprimées avant sa reddition le 15 août 2005. Raison pour laquelle il avait été transféré trois jours plus tard dans un centre de détention à La Haye, dans le cadre d'un « arrangement » avec le bureau du procureur.

Hassan Bubacar Jallow, le procureur en chef du TPIR, espérait ainsi pouvoir le faire comparaître, en échange de sa collaboration, devant un tribunal européen. Mais suite à l'échec des tentatives de le faire juger d'abord en Norvège, puis aux Pays Bas, l'ingénieur agronome a été renvoyé malgré lui à Arusha, en mai 2008.

Restait alors pour les deux parties à « l'arrangement » à négocier un accord de plaidoyer de culpabilité. Le 17 septembre 2009,  au terme de laborieuses discussions qui avaient fait craindre à un moment donné le divorce entre les deux parties,  Bagaragaza  a reconnu sa responsabilité devant les juges.

La sentence a été prononcée le 5 novembre 2009, 11 jours avant l'acquittement de son ancien allié Protais Zigiranyirazo. Même après l'éloignement de ce dernier, qui vit actuellement dans « une maison sécurisée » à Arusha, le « témoin clé » du procureur ne semble guère plus rassuré.

ER/GF

© Agence Hirondelle