Ancien ministre de la Défense du régime actuel qu'il avait rejoint après la défaite en 1994 des anciennes Forces armées rwandaises (FAR) dont il faisait partie, le général était cité par Mathieu Ngirumpatse, ancien président du MRND, le parti de l'ex-président Juvénal Habyarimana.
En le contre-interrogeant, Don Webster, de la poursuite, l'a confronté jeudi à ses déclarations de 1999 recueillies par un enquêteur du bureau du procureur, dans le cadre du dossier de l'ex-ministre de la Jeunesse, Callixte Nzabonimana, qui était également membre du MRND.
Le général y affirmait sans ambages que sans des membres du parti présidentiel comme Nzabonimana, « le génocide n'aurait pas eu lieu ». « Des gens comme Nzabonimana ont semé le grain du génocide au Rwanda », accusait-il à cette époque où il servait encore sous le régime du président Paul Kagame.
Pourtant, dans son témoignage mercredi devant la chambre présidée par le juge Dennis Byron, il avait défendu le MRND et ses dirigeants, affirmant notamment que son aile jeunesse, les Interahamwe, n'avaient pas été créées pour exterminer les Tutsis.
Interrogé sur ces contradictions, le général qui milite actuellement au sein de l'opposition rwandaise en exil, a expliqué que ses déclarations de 1994 résultaient d'une « propagande » orchestrée par le nouveau régime et certains médias.
Il a indiqué qu'après avoir mené des recherches ultérieures, il avait conclu qu'il s'était laissé induire en erreur par cette « propagande ».
Il a enfin déclaré que Ngirumpatse n'avait pas les moyens d'arrêter les massacres en 1994.
Inculpés de crimes de génocide et de crimes contre l'humanité, Ngirumpatse et son co-accusé, l'ancien vice-président du parti, Edouard Karemera qui a terminé sa défense, répondent surtout d'exactions commises en 1994 par des membres de leur parti, en particulier les jeunes. Ils clament leur innocence, affirmant qu'ils n'exerçaient pas de contrôle de droit ou de fait sur les membres du parti.
NI-ER/GF
© Agence Hirondelle