19.01.11 - ONU/SENEGAL - LE SENEGAL DOIT JUGER HISSENE HABRE OU L'EXTRADER (ONU)

Arusha, 19 janvier 2011 (FH) -  Le Comité des Nations Unies contre la torture a appelé le Sénégal à se conformer à son « obligation » de faire juger ou d'extrader l'ancien dictateur tchadien Hissène Habré, a rapporté mardi le service de presse de l'organisation Human Rights Watch (HRW).

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Habré est accusé de milliers d'assassinats politiques et de torture systématique alors qu'il dirigeait le Tchad entre 1982 et 1990, et avant qu'il ne s'enfuie au Sénégal.

Le comité réagissait à la déclaration du président sénégalais Abdoulaye Wade indiquant qu'il « en avait assez » de l'affaire Habré et qu'il allait « s'en débarrasser ».

« Les Nations Unies se tiennent aux côtés des milliers de victimes de Habré qui cherchent à obtenir justice au Sénégal depuis vingt ans », a déclaré Reed Brody, conseiller juridique auprès de Human Rights Watch, représentant des victimes devant le comité. «Le président Wade ne peut pas simplement se débarrasser de l'affaire, il a l'obligation légale de s'assurer que Habré sera confronté à la justice. »

Le Comité des Nations Unies contre la torture est composé de dix experts élus par les 147 Etats ayant ratifié la Convention contre la torture.  En 2006, le Comité avait déclaré que le Sénégal violait son obligation légale de livrer Habré à la justice.

Dans une lettre au Sénégal datée du 12 janvier, le Rapporteur pour le suivi des décisions du Comité, Fernando Mariño, a rappelé que si le Sénégal ne jugeait pas Habré, il devait, en vertu de la Convention, l'extrader en Belgique ou vers un autre pays afin qu'il y soit jugé.

Le Sénégal a retardé le procès de Habré depuis des années, affirmant attendre de recevoir les fonds pour en couvrir les coûts. Le 18 novembre 2010, une décision de la Cour de Justice de la Communauté des Etats d'Afrique de l'ouest (CEDEAO) a décidé que le Sénégal devait faire juger Habré devant une juridiction spéciale. Le 24 novembre, les donateurs internationaux se sont réunis à Dakar et  se sont engagés à débloquer les fonds devant couvrir intégralement le budget estimé de 11,7 millions de dollars.

Le ministre de la Justice sénégalais avait d'ailleurs affirmé à cette occasion que la Table ronde des donateurs était « le parachèvement du long processus de préparation, devant aboutir au démarrage effectif du procès », et que son pays examinerait avec l'Union africaine les moyens de répondre à la décision de la Cour de CEDEAO.

Le président Wade a ensuite semblé revenir à nouveau sur ces avancées. Le 10 décembre 2010, il a ainsi annoncé: « Que l'Union africaine reprenne son dossier... sinon Hissène Habré je vais le renvoyer quelque part... je vais m'en débarrasser».

Il est prévu que l'Union africaine discute de l'affaire Habré lors de son sommet à Addis Abeba, en Ethiopie, les 30 et 31 janvier.

ER/GF

© Agence Hirondelle