23.02.11 - TPIR/NIZEYIMANA - L'EMOUVANT TEMOIGNAGE D 'UNE VICTIME PRESUMEE DU CAPITAINE NIZEYIMANA

Arusha, 23 février 2011 (FH) - Un ancien étudiant à l'Université nationale du Rwanda (UNR) a raconté mercredi, dans un émouvant témoignage, avoir survécu à une fusillade ordonnée en 1994 par le capitaine Ildephonse Nizeyimana, en jugement au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

2 min 8Temps de lecture approximatif

Poursuivi pour crimes de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre, cet officier originaire du nord du Rwanda, était basé à l'Ecole des sous-officiers (ESO) à Butare (sud) à deux encablures du campus universitaire, dans la même ville.

Désigné par le pseudonyme ZAV, le 36 ième témoin à charge dans cette affaire, a indiqué qu'il se rendait au camp de l'ESO, fin avril 1994, en compagnie d'un collègue tutsi de l'université, lorsqu'ils furent interceptés à un barrage routier tenu par des élèves de cette école militaire.

A peine, venaient-ils de passer le barrage qu'ils ont, selon la déposition, rencontré Nizeyimana, à bord d'un véhicule, à l'entrée de l'ESO.

Le témoin a affirmé que le capitaine les avait renvoyés au barrage routier et ordonné leur exécution, les traitant d'Inyenzi (blattes), une façon de désigner à l'époque des membres de l'ethnie tutsie.

« Il a ordonné aux soldats de nous tuer. Mon ami a tenté de les dissuader en leur offrant de l'argent mais ils ont refusé », a raconté l'ancien étudiant qui s'exprimait en anglais.

Selon le témoignage, le peloton d'exécution a alors conduit ses victimes désignées dans une forêt, à une centaine de mètres de la route.

« Je me trouvais en face de mon ami. J'ai été atteint par des balles à la main, à l'estomac et à une autre partie du corps », a poursuivi le survivant, secoué par des sanglots.

« Mon ami est mort sur le coup (...) Lorsque j'ai repris connaissance, j'ai dû abandonner le corps de mon ami dans la forêt, pour éviter d'être dévoré moi-même par les chiens », a poursuivi le témoin, dont l'appartenance ethnique n'a pas été précisée.

Tentant de regagner la ville, tout en sang, il fut, selon sa déposition, reconnu le lendemain matin par une connaissance qui le conduisit à l'hôpital pour des soins.

Le capitaine Nizeyimana a suivi attentivement cette déposition sans que son visage trahisse la moindre la moindre émotion.

Le contre -interrogatoire s'est déroulé à huis clos.

Selon le Canadien Drew White qui conduit l'équipe de l'accusation dans le procès, les deux derniers témoins de l'accusation devraient passer à la barre d'ici à vendredi.

Nizeyimana, qui clame son innocence, a été arrêté le 5 octobre 2009 à Kampala, en Ouganda, et transféré le lendemain au centre de détention du TPIR à Arusha (Tanzanie). Le procès a débuté le 17 janvier dernier.

NI-ER/GF

© Agence Hirondelle