Bosnie: des milliers de manifestants contre un projet de résolution de l'ONU sur Srebrenica

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Des milliers de personnes se sont rassemblées jeudi à Banja Luka, capitale de l'entité serbe de Bosnie-Herzégovine, pour protester contre une possible résolution de l'ONU faisant du 11 juillet la journée internationale de commémoration du génocide de Srebrenica.

Le long d'un immense drapeau déployé dans les rues de la ville, des milliers de personnes se sont massées en fin de journée à l'appel du chef des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik.

"C'est une grosse erreur des gens dans le monde qui veulent nous condamner" disait parmi les drapeaux Ilija Arsenic, 68 ans, vétéran serbe bosnien. Hommes, femmes, jeunes et moins jeunes - une foule hétérogène a convergé pour écouter les dirigeants à la tribune - dont l'ancienne Première ministre serbe, et actuelle présidente du Parlement, Ana Brnabic.

Une fois sur scène, M. Dodik, qui affirme régulièrement, à rebours de décisions de la justice internationale, qu'il "n'y a pas eu de génocide", a multiplié les menaces sécessionnistes.

"Nous ne souhaitons pas vivre avec vous [les Bosniaques] qui voulez dire au peuple serbe qu'il est génocidaire", a lancé le président de l'entité serbe de Bosnie, l'une des deux qui composent le pays avec la fédération de Bosnie-herzégovine.

Le 11 juillet 1995, quelques mois avant la fin du conflit intercommunautaire qui a ensanglanté le pays, les forces serbes de Bosnie ont capturé Srebrenica, alors déclarée enclave protégée par l'ONU. En une poignée de jours, elles y ont exécuté plus de 8.000 hommes et garçons musulmans.

Les restes de la plupart des victimes ont été retrouvés dans des fosses communes dans l'est de la Bosnie, déplacés des lieux du crime pour mieux le dissimuler.

La justice internationale y a reconnu un génocide. Et selon le projet de résolution de l'ONU préparé par l'Allemagne et le Rwanda, consulté par l'AFP, le 11 juillet deviendrait la "journée internationale de commémoration du génocide de Srebrenica" - dès le 11 juillet 2025, pour le 30e anniversaire du massacre.

"L'opération de l'armée de la Republika Srpska en juillet 1995 à Srebrenica a été une erreur. Une erreur qui a laissé derrière elle un énorme crime", a répondu M. Dodik, "c'était un crime à la fin de la guerre, après la fatigue, les haines et les souffrances, les vengeances. Mais ça n'a pas été un génocide. Ca n'a pas été un génocide, ce mot horrible de disqualification morale qu'ils veulent nous mettre sur le dos".

Milorad Dodik avait pourtant déclaré en 2007 savoir "parfaitement bien" que le massacre de Srebrenica était un "génocide".

Dix ans après, il affirmait "en toute conscience" qu'"il n'y a pas eu de génocide à Srebrenica".

bur-cbo/fjb

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