Le verdict tombera 10 ans après l'ouverture du procès et 16 ans après l'arrestation de certains des accusés.
En avril 2009, le procureur avait requis la peine maximale à l'encontre de chacun des accusés qui, de leur côté, avaient demandé l'acquittement.
En procédant à la clôture du procès, le juge président, William Hussein Sekule, avait tenu à prévenir les parties que le jugement se ferait attendre. « C'est vrai que cela prendra du temps », avait prédit le magistrat tanzanien.
Poursuivis pour crimes de génocide et crimes contre l'humanité, les six sont accusés d'être les principaux responsables des massacres dans la préfecture de Butare (sud).
Deux camps se sont dégagés lors du procès, certains accusés rejetant la responsabilité sur d'autres au grand plaisir du procureur.
Ainsi, Joseph Kanyabashi, l'ancien maire de Ngoma -la commune qui abritait la célèbre cité universitaire de Butare- a toujours clamé qu'il n'avait plus d'autorité après l'assassinat du président Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994. Il n'a cessé de soutenir qu'il y avait à l'époque un pouvoir parallèle exercé par les responsables locaux du Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND, l'ex-parti présidentiel).
Cette ligne de défense, partagée avec un autre accusé dans l'affaire, l'ex- préfet de Butare, Sylvain Nsabimana, a entraîné un conflit d'intérêts quasi permanent pendant le procès avec Nyiramasuhuko et son fils Arsène Shalom Ntahobali. L'ex-ministre était en effet une des principales figures du MRND à Butare tandis que son fils était très proche de l'aile jeunesse du parti.
De leur côté, l'ancien maire de Muganza, Elie Ndayambaje, et le colonel Alphonse Nteziryayo qui succéda à Nsabimana à la mi-juin 1994, sont restés à l'écart à ce conflit.
Kanyabashi et Ndayambaje ont été arrêtés en Belgique en juin 1995 ; Nyiramasuhuko, son fils et Ndayambaje en juillet 1997 au Kenya et le colonel en avril 1998 au Burkina-Faso.
ER/GF
© Agence Hirondelle