06.06.11 - CPI/BEMBA - LE PROCES DE BEMBA SE POURSUIT POUR L'ESSENTIEL A HUIS CLOS

La Haye, 6 juin 2011 (FH) - Le procès de Jean-Pierre Bemba s'est poursuivi lundi devant la Cour pénale internationale (CPI). Depuis le 30 mai, le témoin 209 dépose sous pseudonyme. L'essentiel du procès du sénateur congolais se déroule en réalité à huis clos.  

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Jean-Pierre Bemba est accusé de crimes contre l'humanité pour viols, meurtres et pillages commis par ses hommes en Centrafrique, en 2002 et 2003. A l'époque, le chef de l'Etat centrafricain, Ange-Félix Patassé, avait demandé le soutien du Mouvement pour la libération du Congo (MLC), dirigé par Jean-Pierre Bemba, pour combattre la rébellion du général François Bozize. Ce dernier s'était finalement emparé du pouvoir le 15 mars 2003.

Dans de rares passages en séance publique, le témoin a expliqué que les rebelles du général Bozize se sont d'abord emparés de plusieurs villages, dont celui de Damara, fin octobre 2002. Pour le témoin, les rebelles ont saccagé et pillé les biens du gouvernement, mais « ils n'ont pas touché les femmes des autres hommes ».

Contre-interrogé par Peter Haynes, l'un des avocats de Jean-Pierre Bemba, le témoin 209 a expliqué que « les soldats de Bozizé, à Damara, courtisaient les femmes. Il y a une différence entre une femme qui est violée et une femme qui a un rapport consenti, a-t-il ajouté. Personnellement, je n'ai pas entendu dire que les soldats de Bozizé ont violé des femmes. »

Les rebelles du général centrafricain auraient aussi pillé la sous-préfecture, la mairie, et un bureau de la gendarmerie, avant d'être chassés par les miliciens du Mouvement pour la Libération du Congo, le 7 décembre 2002. Ce jour- là, le témoin a fui chez sa belle famille. « Pendant ces événements, c'était le sauve-qui-peut. Je ne savais même pas où étaient mes enfants » a-t-il raconté.

Il a aussi expliqué que lors de l'attaque du MLC, le 7 décembre, plusieurs habitants de Damara sont restés sur place. « Il y avait des personnes qui profitaient de la situation » a-t-il déclaré. « Quelques personnes étaient restées, voulant profiter de la présence des banyamulenge pour piller. Mais ce sont ces personnes qui ensuite ont été tuées ou violées par les banyamulenge », comme étaient appelés les miliciens du MLC.   

« Ils étaient les maîtres du terrain du 7 décembre jusqu'au mois de février. Ils ont investi les maisons, ils ont pillé, ils ont pris des matelas en mousse. Ils ont entreposé toutes ces choses pillées dans leur base. Ils volaient les biens de valeur. »

Le procès de Jean-Pierre Bemba a commencé le 22 novembre 2010. Il avait été arrêté en Belgique le 24 mai 2008, puis transféré à la Cour début juillet.

SM/ER/GF

 © Agence Hirondelle