25.08.11 - CPI/LUBANGA - SELON L'ACCUSATION, THOMAS LUBANGA A ENROLE DES ENFANTS POUR TUER

La Haye, 25 août 2011 (FH) - Le procureur a prononcé son réquisitoire, jeudi 24 août, contre Thomas Lubanga. Le président de l'Union des patriotes congolais (UPC) répond de crimes de guerre, pour avoir enrôlé des enfants de moins de 15 ans dans sa milice.

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C'est la procureure adjointe, Fatou Bensouda, qui ouvre le bal des déclarations de l'accusation. Elle affirme que l'accusé a « systématiquement recruté des enfants de moins de 15 ans dans son mouvement politique et militaire et les a utilisé dans les hostilités »

En 2002 et 2003, l'ituri, riche région minière de l'est de la République démocratique du Congo (RDC) était en proie à une guerre fratricide, dans laquelle s'affrontaient, par milices interposées, le Rwanda, l'Ouganda et la RDC.

Evoquant les enfants soldats, la magistrate gambienne rappelle qu'ils « ont été utilisés pour se battre dans les conflits, pour violer, pour tuer ». Des crimes qui, selon l'accusation, ont été possibles grâce à « la planification et l'organisation » de l'accusé. Dans le box, vêtu d'un élégant costume bleu marine, d'une cravate jaune et d'une pochette assortie, M. Lubanga montre un visage impassible, comme il l'avait fait au cours du procès. Devant lui, ses avocats compilent des notes.

La procureure rappelle que neuf enfants soldats ont déposé dans le procès. Cela « a créé beaucoup de problèmes pour eux. Ils ont été exposés à des risques de vengeance. Tous ont quitté la région », selon le programme de relocalisation mis en place par la Cour, censé les protéger, « ils ont perdu le lien avec leur communauté, leurs amis, leurs familles ».

Pour l'accusation, « une preuve résume toute la cause contre Lubanga ». Une vidéo, qui défile sur les écrans, placés devant les juges en robes bleues roi. Filmée dans le camp d'entraînement de Rwampara, la vidéo montre le passage en revue de troupes par l'accusé. « C'est la confession publique et volontaire » de l'accusé lance la procureure. « Regardez la taille de ces recrues... Regardez ces visages... » demande-t-elle aux juges. « Pensez-vous qu'ils ont plus de 15 ans ? ».

Elle ajoute « ce procès a donné une voix aux enfants que monsieur Lubanga a enrôlé alors qu'ils se rendaient à l'école, aux enfants auxquels Monsieur Thomas Lubanga a appris à tuer, aux filles que Thomas Lubanga a offert à ses commandants. » Théâtrale, la procureure adjointe affirme que « ce sont ces enfants que le monde a décidé de protéger ».

Dans la galerie du public, l'actrice américaine Angelina Jolie est venue, une nouvelle fois, soutenir le procureur, comme elle l'avait fait au cours du procès. Juste avant l'audience, la représentante du Secrétaire général des Nations unies pour les enfants et les conflits armés, Radhika Coomaraswamy, a donné une conférence de presse. Venue témoigner, au cours du procès, à la demande du procureur, la fonctionnaire sri-lankaise s'est donc faite le propre porte-parole de sa déposition devant les juges.

L'audience se poursuivra vendredi 25 août, avec la plaidoirie de la défense et les arguments des avocats des victimes. Cent-vingt-trois d'entres elles sont représentées dans le procès.

Thomas Lubanga est détenu à la prison de Scheveningen, aux Pays-Bas, depuis le 17 mars 2006. Son procès est le premier entendu devant la Cour pénale internationale.

SM/GF

© Agence Hirondelle