12.09.11 - FRANCE/RWANDA - «IL FAUT JUSTE MONTRER QUE LA JUSTICE EST RENDUE» (THARCISSE KARUGARAMA)

Paris, 12 septembre 2011 (FH) - Le ministre rwandais de la Justice, Tharcisse Karugarama, a tenu un discours d'apaisement ce lundi, en marge de la première visite à Paris du président Paul Kagame depuis 1994. « Il faut juste montrer que la justice est rendue » en France dans les dossiers touchant au génocide, a-t-il notamment déclaré à l'agence Hirondelle.

2 min 42Temps de lecture approximatif

Le chef de l'Etat rwandais a pour sa part souligné sa volonté « d'aller de l'avant » sans attendre ni demander d'excuses au gouvernement français, dans un entretien donné en exclusivité à l'Agence France Presse, avant un déjeuner de travail ce lundi avec le président Nicolas Sarkozy.

Placée sous le signe de la « normalisation » des relations entre Paris et Kigali, cette visite intervient un an et demi après celle rendue au Rwanda par le président Nicolas Sarkozy, le 25 février 2010.

Se refusant à présenter des excuses, le président français avait alors évoqué « des erreurs, des erreurs d'appréciation » commises en 1994 et une « forme d'aveuglement quand nous n'avons pas vu la dimension génocidaire du gouvernement du président qui a été assassiné ».

À cette occasion, Nicolas Sarkozy s'était engagé à ce que tous les responsables du génocide des Tutsis soient « retrouvés et punis », la France n'ayant jamais encore jugé aucun des suspects vivant sur son territoire, au contraire de la Belgique - autre importante destination d'exil pour la communauté rwandaise.

En visite à Paris pour trois jours de dimanche à mardi, Paul Kagamé était accompagné d'une importante délégation comprenant notamment cinq ministres, dont celui de la Justice, Tharcisse Karugarama.

« Il y a beaucoup de dossiers ici, des dossiers de génocidaires, le dossier d'anciennement le juge Bruguière et maintenant du juge Trévidic. Ce qu'on demande, ce qu'on espère, c'est qu'il y ait un avancement. Le Rwanda ne cherche pas à trouver tout le monde coupable, mais il cherche à faire en sorte que la justice soit rendue, que ce soit en France ou au Rwanda », a déclaré le ministre de la Justice.

« Maintenant il y a des mouvements judiciaires [en France], avant il n'y en avait pas. Il y a des magistrats spécialisés, il y a des magistrats français qui viennent au Rwanda tout le temps. S'il y a des dossiers qui avancent même si les présumés génocidaires sont trouvés innocents, il n'y a pas de problème. Il faut juste montrer que la justice a été rendue », a-t-il également assuré.

L'apaisement semble de mise à tous les niveaux dans le cadre de cette visite diplomatique marquée par la volonté de dépasser le contentieux entre les deux pays, malgré le vif mécontentement des anciens responsables politiques et militaires de l'opération Turquoise, accusés par Kigali de complicité avec les génocidaires. Mis en cause nommément par les autorités rwandaises, le ministre des Affaires étrangères français Alain Juppé s'est notoirement éclipsé, sous prétexte d'une tournée diplomatique en Océanie. Le président du Sénat, numéro deux de l'Etat dans l'ordre du protocole, avait également prétexté un emploi du temps chargé pour ne pas rencontrer la délégation rwandaise.

Encadrée par un important dispositif policier, la visite officielle a été troublée par des manifestants d'origine rwandaise et congolaise, opposés au régime de Paul Kagamé. L'ancien Premier ministre Faustin Twagiramungu a participé lundi à une manifestation qui a rassemblé un millier de personnes au centre de Paris, selon le site d'information d'opposition Jambo News.

FP/GF

© Agence Hirondelle