16.09.11 - RWANDA/BELGIQUE - EN DÉTENTION À BRUXELLES, FABIEN NERETSE PRÉPARE SA DÉFENSE

Paris, 16 septembre 2011 (FH) - Placé en détention à la prison de Saint-Gilles près de Bruxelles depuis son transfert de France le 30 août dernier, l'ancien directeur de l'Office des cafés rwandais et homme d'influence du régime Habyarimana, Fabien Neretse, « prend connaissance de son dossier d'accusation », a indiqué son avocat Pierre Monville.

2 min 59Temps de lecture approximatif

« L'accès au dossier est médiocre en Belgique, estime Me Monville, car nous avons simplement le droit de lire les documents au greffe et de prendre des notes pour notre client. C'est pourquoi nous avons demandé le report de l'audience, prévue normalement au bout de cinq jours de détention, qui devra statuer sur sa remise ou non en liberté. »

L'audience a été reportée au 5 octobre, devant la chambre du Conseil du tribunal de grande instance de Bruxelles, précise l'avocat.

Âgé de 54 ans, Fabien Neretse était réfugié sous le nom de son père depuis plusieurs années en France, où il a été arrêté le 30 juin dernier, à son domicile d'Angoulême (Ouest). Il avait alors été interrogé par deux enquêteurs belges, dans le cadre d'un mandat d'arrêt européen délivré le 24 juin. Le Rwandais a été entendu à son arrivée à Bruxelles par le juge d'instruction Jean Coumans, en charge de l'instruction ouverte en 2004 pour sa participation au génocide de 1994.

L'ancien responsable économique est notamment soupçonné d'avoir participé à l'assassinat à Kigali, le 9 avril 1994, de Claire Beckers, une citoyenne belge mariée à un Rwandais. Une plainte contre X avait été déposée en Belgique par sa sœur Martine Beckers, dès juillet 1994.

Originaire de Ruhengeri (nord du Rwanda), Fabien Neretse est aussi soupçonné d'avoir soutenu l'activité des milices Interahamwe dans cette ancienne province durant le génocide.

Fabien Neretse est le cinquième Rwandais placé en détention en Belgique depuis début 2011. Son arrestation a été précédée par celle de deux membres présumés des Interahamwe, Ernest Gakwaya et Emmanuel Nkunzuwimye arrêtés en mars à Bruxelles, d'un ex-officier des Forces armées rwandaises, Jean-Marie Ndahimana, et d'un ancien procureur, Mathias Bushishi.

Les cinq prévenus ont tous été pour l'instant maintenus en détention « à notre demande », indique le procureur fédéral en charge des dossiers rwandais, Philippe Meire.

« Quatre dossiers distincts sont actuellement à l'instruction en Belgique, dont nous allons demander à terme qu'ils soient joints pour qu'il n'y ait qu'un seul procès devant la Cour d'assises », précise le procureur.

En fonction des demandes d'instruction complémentaires des équipes de défense, la date de ce procès pourra être fixée avec plus de précision. « À notre estime, il y a déjà un nombre suffisant d'éléments, mais aucune instruction n'est parvenue à conclusion », indique Philippe Meire.

Quatre procès liés au génocide rwandais ont déjà été organisés devant la cour d'assises de Bruxelles en 2001, 2005, 2007, et enfin en 2009. C'est à partir de l'année 2009 que les enquêtes en cours ont démarré, conduites par une équipe de cinq enquêteurs de la police judiciaire belge, dont un commissaire.

L'équipe vient d'être renforcée de trois enquêteurs, le 1er septembre dernier, afin poursuit le magistrat, d'étendre son champ d'investigation à « d'autres dossiers de droit humanitaire ».

Selon Philippe Meire, « dans l'immédiat il ne devrait pas y avoir de nouvelle arrestation » dans les dossiers rwandais, à moins qu'une personne sous le coup d'un mandat d'arrêt international puisse être localisée.

À Paris, le dossier de Fabien Neretse était suivi par les juges d'instruction René Cros et Céline Hildenbrandt, qui ont accepté de transférer l'accusé et son dossier vers la Belgique « dans la mesure où l'instruction y était antérieure et plus avancée », indique une source judiciaire.

FP/ER/GF

© Agence Hirondelle