27.09.11 - CPI/KATANGA - LE CONGOLAIS GERMAIN KATANGA TEMOIGNE POUR SA DEFENSE

La Haye, 27 septembre 2011 (FH) - Germain Katanga a commencé, mardi 27 septembre, à déposer pour sa propre défense devant les juges de la Cour pénale internationale (CPI). Ancien commandant dans la Force de résistance patriotique en Ituri (FRPI), une région de l'est de la RDC, l'accusé a pris place à la barre des témoins.

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Pour Germain Katanga, qui s'exprimait en français, tout a commencé avec les attaques de l'armée ougandaise, au début des années 2000. « Les Ougandais n'avaient pas de pitié. On ne connaissait pas leurs objectifs. Ils ont commencé à attaquer les villages » de l'Ituri, raconte-t-il. Puis ils ont ciblé l'Institut Bajanga, une école anglicane où Germain Katanga était scolarisé. « Les Ougandais ont ouvert le feu sur les élèves et ils ont paniqué, ils ont commencé à fuir.» « Dans ces conditions, on ne peut pas aller à l'école. C'est à partir de là que l'idée d'intégrer les combats, que l'idée de l'auto-défense est arrivée. »

Interrogé par son avocat, maître David Hooper, l'accusé rejette toute idée d'organisation précise de l'autodéfense. « A cette époque David, il n'y avait pas un groupe. Vous êtes là, vous êtes en train de manger et vous entendez une détonation. Vous pensez que c'est vos frères qui sont en train de mourir et qu'il faut aller là-bas. Mais il n'y avait pas de regroupement. »

A partir de 2001, la situation dégénère avec l'installation d'un bataillon de l'UPDF, l'armée ougandaise, à Getty, près de Bunia, le chef lieu de l'Ituri. L'une des premières opérations d'auto-défense se déroule alors au village de Kazana.

« Défendre notre population et  protéger nos biens, c'était notre objectif », affirme l'accusé, qui porte pour l'occasion une cravate rayée. « Les soucis majeurs et l'objectif même de l'auto-défense, c'était cela : ne pas laisser notre population souffrir. » Ce jour là, l'auto-défense fonctionne. « Cette intervention a marqué l'histoire » déclare l'accusé-témoin.

Mais la réponse ougandaise ne se fait pas attendre. « A partir de ce moment là, les Ougandais ont gonflé leurs effectifs. Ils ont élargi leur champ d'action. Ils voulaient laisser Getty et aller plus loin. Ils ont compris qu'avec les sentiers, ça n'allait pas. Ils ont développé les routes, pour faire passer les pick up. »

« Chaque passage, c'était... » le témoin, cherche ses mots, puis reprend : « Pour eux, une maisonnette, il faut la brûler, c'est en paille, c'est en chaume. Chez nous, la construction, c'est ça » explique-t-il aux trois juges, français, malienne et belge. « Si on nous interdit de dormir dans des maisons pareilles, où va-t-on dormir ? interroge-t-il. On n'a pas de grottes ! »

Germain Katanga doit répondre de crimes contre l'humanité commis à Bogoro, dans l'est de la République démocratique du Congo, lors de l'attaque du 24 février 2003. L'accusé n'a pas encore évoqué ces faits. Sa déposition se poursuivra demain.

Germain Katanga est jugé aux cotés de Mathieu Ngudjolo. Leur procès a débuté le 24 novembre 2009. M. Ngudjolo doit lui aussi déposer, à la suite de Germain Katanga.

SM/GF

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