28.09.11 - FRANCE/RWANDA - AGATHE HABYARIMANA NE SERA PAS EXTRADÉE AU RWANDA

Paris, 28 septembre 2011 - « Il n'y a pas lieu d'extrader Mme Agathe Habyarimana vers le Rwanda » a annoncé mercredi Edith Boizette, la présidente de la chambre de l'instruction de la cour d'appel du tribunal de Paris, en réponse à une demande d'extradition déposée fin 2009 par le Rwanda, à la faveur du réchauffement diplomatique avec Paris.

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Présente à l'audience, la veuve de l'ancien président Rwandais s'est déclarée « soulagée ». « J'ai toujours fait confiance à la justice française », a-t-elle ajouté à l'issue de l'audience, encadrée par sa famille et ses proches.

Le rejet de la demande d'extradition rwandaise entraîne pour Mme Habyarimana la levée de sa mise sous contrôle judiciaire, a précisé la présidente de la chambre d'instruction.

Les motifs de cette décision sans surprise lui ont été notifiés par écrit à l'audience. Comme dans la majorité des demandes d'extradition, jusqu'ici toutes refusées vers le Rwanda, l'antériorité des crimes allégués sur les lois permettant d'y juger des faits de génocide est invoquée.

« Mais cette fois, les juges ont marqué le coup de façon cinglante vis-à-vis des demandes rwandaises, en soulignant que les faits reprochés sont décrits sans aucune précision et ne sont détaillés par aucun élément à charge et à décharge », se félicite son avocat Philippe Meilhac.

Une description qui rejoint celle faite le 29 juin dernier par le représentant du ministère public, Jean-Charles Lecompte, qui estimait la demande d'extradition rwandaise « marquée par une certaine approximation, un flou artistique qui entoure la description des faits".

« Nous sommes satisfaits, c'est une décision parfaitement logique, mais qui pose maintenant la question de la procédure pénale intentée contre Mme Habyarimana en France, car les juges d'instruction n'ont pas dû avoir tellement plus d'éléments. Il va donc bien falloir qu'ils prennent l'initiative de la convoquer, afin qu'elle puisse enfin s'expliquer dans un cadre strictement judiciaire », ajoute Philippe Meilhac.

Dans une procédure parallèle, engagée en France suite à une plainte déposée en 2007 pour « complicité de génocide » par une association de défense des victimes, le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), l'ancienne première dame rwandaise a été entendue une fois par des enquêteurs de la gendarmerie parisienne, comme simple témoin, le 9 mars 2010.

« Ma cliente est âgée, elle a 70 ans, tout ce qu'elle espère c'est de pouvoir enfin vivre en France tranquillement avec ses enfants. Il faut arrêter cette campagne de diabolisation permanente !», s'est également exclamé Me Meilhac devant la presse.

Agathe Habyarimana attend maintenant la décision du tribunal administratif de Versailles, qui devait se prononcer à partir du 21 septembre sur sa demande de titre de séjour dans le département de l'Essonne, où elle réside avec certains de ses enfants depuis plusieurs années. Cette demande de titre de séjour lui a déjà été refusée à deux reprises.

La veuve de l'ancien président rwandais attend également, « dans les semaines qui viennent » d'après son avocat, d'être convoquée par le juge d'instruction Marc Trévidic pour entendre les résultats de l'expertise balistique qu'il a fait réaliser sur l'attentat du 6 avril 1994, dans lequel son mari et le président du Burundi ont été tués.

FP/GF

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