17.10.11 - TPIR/MPIRANYA - LE MAJOR MPIRANYA EST-IL DECEDE ?

Arusha, 17 octobre 2011 (FH) - Alors que le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) entame mercredi le recueil des dépositions spéciales dans le dossier du major Protais Mpiranya, son éditeur affirme que l'accusé est décédé.

3 min 14Temps de lecture approximatif

Selon les Editions Sources du Nil, qui ont déjà publié plusieurs livres d'accusés du TPIR, le major Mpiranya aurait échappé à la justice des hommes le 5 octobre 2006. La maison d'édition a annoncé son décès alors qu'elle publiait en octobre 2010, « à titre posthume », un document intitulé « Rwanda, le paradis perdu. Les derniers secrets de l'ex-commandant de la Garde Présidentielle de J.Habyarimana ».

Dans ce livre, le major Mpiranya réclame notamment la mise en place d'une instance internationale indépendante chargée de faire la lumière sur l'attentat du 6 avril 1994 qui coûta la vie au président Juvénal Habyarimana, qu'il était chargé de protéger.

Stratagème pour échapper aux limiers du TPIR ? C'est ce que laisse entendre un discours d'Hassan Bubacar Jallow prononcé le 6 juin dernier devant le Conseil de sécurité. « Les difficultés rencontrées dans la recherche d'un fugitif de haut niveau, le Major Mpiranya, persistent et j'en appelle à plus de coopération et d'assistance de la part du gouvernement zimbabwéen à ce sujet », déclarait le procureur du TPIR.

Vers la fin du même mois, la traque de fugitifs qui seraient cachés en Afrique Australe était au centre d'un entretien à Barcelone, en Espagne, entre le greffier du TPIR Adama Dieng et le Premier ministre zimbabwéen Morgan Tsvangirai. En marge d'une conférence internationale, « la discussion a essentiellement porté sur la coopération entre le Zimbabwe et le TPIR en ce qui concerne l'arrestation et le transfert de fugitifs », rapportait la lettre d'information du tribunal. Pour le TPIR, l'accusé est donc bien encore en vie.

Accusé de crimes de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre, le major Mpiranya est né en 1960 à Giciye en préfecture de Gisenyi. Diplômé de l'Ecole supérieure militaire (ESM) de Kigali, il a également effectué plusieurs stages de formation professionnelle, notamment en Allemagne et en France. A partir de 1993, il était commandant du bataillon de la Garde présidentielle (GP), une unité d'élite, qui, selon le bureau du procureur, s'illustra dans le génocide.

Dans la nuit du 6 au 7 avril 1994, des éléments de la Garde présidentielle, se mirent en devoir de mettre à l'abri les principales figures du MRND - le parti d'Habyarimana, selon l'acte d'accusation. Le matin du 7 avril 1994, poursuit le procureur, des soldats du bataillon GP participèrent à l'enlèvement et aux meurtres de membres de l'opposition.

Les actes de ces soldats s'inscrivaient, selon le procureur, dans le cadre d'une entente entre le major et d'autres responsables militaires, en vue de commettre le génocide des Tutsis.

Pour soutenir sa thèse, la poursuite a annoncé une trentaine de témoins. Lors de ces dépositions qui seront recueillies entièrement à huis clos, conformément au règlement du TPIR, les intérêts du major seront défendus par un avocat qui pourra contre interroger les témoins et mener des contre enquêtes. Il ne s'agit pas pour autant d'un procès car cet avocat ne peut pas prétendre assurer une défense pleine et entière pour un accusé qu'il n'a jamais rencontré. Le juge unique qui recueillera les preuves ne peut pas non plus se prononcer sur leur valeur probante.

Le recueil des dépositions spéciales est déjà en cours, depuis le mois de mai, dans le dossier de l'homme d'affaires Félicien Kabuga, le plus recherché des 9 accusés encore en fuite. Ce parent par alliance de l'ex-président Habyarimana mènerait l'essentiel de ses affaires au Kenya, à quatre heures de route d'Arusha, la petite ville tanzanienne qui abrite le siège du TPIR.

Des auditions du même genre sont également attendues dans le dossier de l'ex-ministre de la Défense Augustin Bizimana, lui aussi considéré comme un poids lourd du génocide. L'ancien dignitaire se cacherait, selon le TPIR, en République démocratique du Congo (RDC).

Il s'agit de préserver les éléments de preuve, en vue d'un procès en bonne et due forme, si les fugitifs tombent un jour dans les filets du TPIR.

ER/GF

© Agence Hirondelle