12.12.11 - CPI/PROCUREUR - FATOU BENSOUDA ELUE PROCUREURE DE LA CPI

La Haye, 12 décembre 2011 (FH) - Fatou Bensouda succèdera à Luis Moreno Ocampo au poste de procureur de la Cour pénale internationale (CPI). Candidate unique, la magistrate gambienne a été désignée par acclamation lors de la dixième session de l'Assemblée des Etats-partis réunie à New York.

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« Le continent africain a encore une fois démontré son soutien et son engagement en faveur de la justice internationale et de la Cour », a déclaré Fatou Bensouda, peu après sa nomination. La magistrate gambienne a toutefois précisé qu'elle « serait le procureur de tous les Etats parties, de manière indépendante et impartiale » affirmant que la Cour avait « remodelé la face des relations internationales à tout jamais ».

L'ancienne ministre de la Justice de Gambie a estimé « fondamental d'entretenir des relations fructueuses avec les Etats-parties et nos partenaires de la société civile ». Elle a enfin remercié son prédécesseur, Luis Moreno Ocampo, « pour son inspiration et son attachement indéfectible à la mission de la Cour ».

Fatou Bensouda, 50 ans, prendra ses fonctions après le départ de Luis Moreno Ocampo, dont le mandat arrivera à son terme le 16 juin 2012. Femme, africaine, Fatou Bensouda avait toutes les cartes en main pour prendre la succession du premier procureur de la Cour.

Sa connaissance de la juridiction permanente, où elle officie depuis novembre 2004 comme procureure adjointe chargée des poursuites, a, finalement, constitué un atout. Certains avaient espéré l'élection d'un candidat externe à la Cour, susceptible d'apporter du « sang neuf » au bureau du procureur, dont la stratégie ne fait pas, loin s'en faut, l'unanimité.

Pour d'autres, la magistrate gambienne était la candidate de la continuité. Elle connaît l'intégralité des dossiers engagés par le bureau du procureur, dont elle maitrise aussi les écueils. Saluée à La Haye pour sa droiture, elle aurait souvent contesté les choix de Luis Moreno Ocampo, tout en sachant afficher publiquement une solidarité sans failles.

La magistrate gambienne a grandi à Banjul, avant de rejoindre l'université de droit de Lagos, au Nigéria, où elle décroche un Master en droit maritime. Diplôme en poche, Fatou Bensouda intègre le ministère de la Justice de Gambie. Cette musulmane pratiquante en gravit tous les échelons, pour devenir ministre, en 1998. Elle ouvre ensuite son propre Cabinet d'avocat, puis devient, pour quatre mois, manager de la Banque commerciale de Gambie.

Mais la magistrate n'y trouve pas ses marques et décide, en 2002, de rejoindre le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), à Arusha. Travailleuse, discrète, Fatou Bensouda rejoint deux ans plus tard la Cour pénale internationale où elle devient procureure adjointe. A ce poste, Fatou Bensouda a conduit notamment des missions en Guinée, après le massacre de septembre 2009 dans le stade de Conakry, puis en Côte d'Ivoire.

En juin 2012, la magistrate gambienne, mère de deux fils, s'engagera, pour les neuf ans à venir, à consolider les acquis de la Cour qui depuis sa création en 2002, a ouvert sept enquêtes sur le continent africain. L'ancienne ministre devra notamment aplanir les relations compliquées ente la Cour et l'organisation continentale.

Avec l'élection de Fatou Bensouda, les Etats parties devraient élire un, voire deux, procureur adjoint, en décembre 2013. Selon plusieurs sources, le britannique Andrew Cayley, actuellement co-procureur au tribunal pour le Cambodge, serait pressenti.

SM/GF   

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