05.06.12 - CPI/DARFOUR – LA LIBERTE DE MOUVEMENT D’EL BECHIR EST « UN DEFI DIRECT AU CONSEIL »

La Haye, 5 juin 2012 (FH) – Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno Ocampo, a affirmé mardi que le fait de ne pas arrêter le président soudanais, Omar el-Béchir, son ministre de la Défense, Abdel Rahim Hussein et son ancien ministre de l’Intérieur, Ahmed Harun était « un défi direct au Conseil » de sécurité des Nations unies.

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S’exprimant à New York lors de la présentation de son quinzième rapport sur le Darfour, le procureur a rappelé que les fugitifs sont aisés à localiser. « Abdel Raheem Hussein siège à son bureau du ministère de la défense à Khartoum et el-Béchir peut être trouvé au palais présidentiel de Khartoum » a-t-il rappelé.

« La réalité est que les membres du Conseil doivent concilier leurs intérêts nationaux avec leurs responsabilités pour la paix et la sécurité », a reconnu Luis Moreno Ocampo. Rappelant qu’il appartient au premier chef au Soudan d’exécuter les mandats d’arrêt, il a suggéré au Conseil de sécurité « d’évaluer d’autres possibilités, y compris en demandant aux Etats membres de l’Onu ou des organisations régionales d’exécuter des opérations d’arrestation ».

S’exprimant immédiatement après le procureur, le représentant du Soudan à New York a rappelé que « le Soudan n’était pas partie à la Cour » et n’a dès lors pas l’obligation de coopérer avec elle. La saisine de la Cour par le Conseil de sécurité des Nations unies, en mars 2005, n’était « pas basée sur une bon raisonnement (…) mais sur des motifs politiques » a ajouté le diplomate, rappelant que le conflit au Darfour ne menaçait pas la paix et la sécurité internationale, base juridique sur laquelle New York peut saisir la CPI.

« La Cour n’est pas le bras judiciaire des Nations unies. C’est la Cour d’Etats-parties ». Le diplomate soudanais a ensuite estimé que Luis Moreno Ocampo agissait « comme s’il était le président du monde » et a ensuite rejeté les allégations du procureur, regrettant qu’elles viennent de quelqu’un qui « n’a jamais visité le Darfour ».

Depuis sa saisine par le Conseil de sécurité en mars 2005, la Cour a émis quatre mandats d’arrêt contre des responsables soudanais et délivré trois citations à comparaître contre des commandants rebelles, en lutte contre Khartoum depuis 2002.

SM/GF