19.06.12 - TPIR/NIZEYIMANA - LE CAPITAINE ILDEPHONSE NIZEYIMANA CONDAMNE A LA PEINE MAXIMALE

Arusha, 19 juin 2012 (FH) - Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a condamné mardi à la perpétuité le capitaine Ildephonse Nizeyimana après l’avoir reconnu coupable de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre, a constaté l’agence de presse Hirondelle.

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« Au vu des circonstances pertinentes, la chambre condamne Ildephonse Nizeyimana à une peine d’emprisonnement à vie »,  a déclaré le juge président Lee Gacuiga Muthoga, au terme de la lecture d’un résumé du jugement en anglais.

Originaire de la préfecture de Gisenyi, dans le nord du Rwanda, l’officier était en service, en 1994, au camp de l’Ecole des sous-officiers (ESO) de Butare (sud) où il était chargé des renseignements et des opérations.

A l’unanimité, les trois juges l’ont jugé coupable de génocide, crimes contre l’humanité (extermination et assassinats) et crimes de guerre (meurtres). Il n’a été acquitté que de viols.

La chambre a conclu à sa responsabilité pénale pour avoir autorisé ou ordonné plusieurs meurtres dans la ville de Butare ou ses environs, principalement en avril 1994. Parmi ces meurtres, figure celui de Rosalie Gicanda, veuve de l’avant-dernier roi du Rwanda, Charles-Léon-Pierre III Rudahingwa.  Parente de l’actuel président Paul Kagame, Rosalie Gicanda, une personnalité hautement symbolique pour les Rwandais d’ethnie tutsie, fut tuée le 21 avril 1994 avec d’autres membres de sa famille.

Parmi les autres victimes, le jugement mentionne « plusieurs milliers » de Tutsis tués le 18 avril 1994 à l’église paroissiale de Cyahinda par des soldats de l’ESO. L’officier est également reconnu coupable du meurtre d’un célèbre professeur de Butare, Pierre-Claver Karenzi qui enseignait la physique à l’Université nationale du Rwanda (UNR) située dans la même ville.

Le capitaine avait présenté une défense d’alibi pour certaines accusations du dossier. Le tribunal a conclu que son alibi n’était pas crédible.

Interrogé à la sortie de l’audience, l’avocat canadien  de Nizeyimana a annoncé sa décision de faire appel du jugement. «Bien-sûr que nous ferons appel. Notre client est un bon combattant, un bon soldat qui défendait son pays d’une invasion et il était absent lorsque la plupart de ces événements se sont produits », a déclaré Maître John Philpot.

Né en octobre 1963 dans une famille modeste de la commune Mutura (nord), Nizeyimana est entré à l’Ecole des officiers supérieurs (ESM) de Kigali en septembre 1983, après avoir terminé l’école secondaire.

Sorti de l’ESM quatre ans plus tard avec le grade de sous-lieutenant, il est affecté à l’ESO.

En juillet 1994, le capitaine, à l’instar d’autres militaires, avait traversé la frontière pour se réfugier au Zaïre (actuelle République démocratique du Congo) du maréchal Mobutu Sese Seko. Après le démantèlement des camps de réfugiés fin 1996, il avait fondé, avec d’autres membres des anciennes Forces armées rwandaises (FAR), l’Armée de libération du Rwanda (ALIR). Cette dernière changera de nom plus tard pour se rebaptiser Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) qui continuent d’écumer l’est de la RDCongo.

Le capitaine Nizeyimana a été arrêté le 5 octobre 2009 à Kampala, en Ouganda, alors qu’il venait de la RDC, voulant sans doute regagner Nairobi, la capitale du Kenya.

ER/GF