Cette affaire est la premiere liée au genocide à être jugée par une juridiction suédoise.
“Mbanenande a été toujours présent pendant les massacres de Bisesero (…) avec le préfet Kayishema (…) Il était toujours armé d’un fusil”, a indiqué le seul temoin auditionné ce vendredi, en vidéoconférence depuis une salle de la Cour suprême à Kigali. La cour a auditionné deux autres témoins depuis son arrivée.
Le quinquagenère, lui-même rescapé du pogrom de Bisesero, a assuré bien reconnaître “le faciès” de Mbanenande qui suit l’interrogatoire depuis Stockholm, mais a indiqué ne pas l’avoir vu “tuer quelqu’un de ses propres mains”.
Selon le témoin, les miliciens tiraient dans la foule de refugiés, d’autres les achevaient à la machete et autres armes traditionnelles. “Je me cachais (…) Je ne pouvais donc pas garder les yeux braqués sur lui”, a-t-il indiqué.
Ingénieur de formation et enseignant à Kibuye en 1994, Stanislas Mbanenande, 54 ans, est poursuivi pour crimes de génocide incluant les crimes de meurtre, tentative de meurtre et enlèvement.
Il est notamment accusé d’avoir recruté et dirigé des miliciens au cours du génocide, participé activement à quatre massacres de Tutsis entre le 6 avril et le 30 juin 1994 dans les régions de Bisesero et Ruhiro (ouest) où plus de 50.000 tutsis ont été massacrés. L’accusé plaide non coupable.
L’équipe de la cour du district de Stockholm, présente à Kigali, est composée de 6 juges, 2 greffiers, 3 membres de l’équipe du procureur, 3 avocats de la defense, 3 représentants de la partie civile, 2 interprètes et 4 journalistes.
La première série d’auditions, à Kigali, des 35 témoins attendus prendra fin le 20 décembre prochain, tandis que la deuxième manche durera du 8 janvier au 14 mars 2013, selon le porte-parole du parquet général rwandais, Alain Mukuralinda. La première série pourrait être uniquement composée de témoins du procureur, a-t-il indiqué à l’Agence Hirondelle.
Selon la meme source, Mbanenande avait été jugé et condamné par contumace à la perpétuité en 2009 par un tribunal populaire gacaca de son village d’origine. A l’issue de ce procès, Interpol avait émis un mandat d’arrêt contre lui.
Arrêté le 22 décembre 2011 par la police suédoise, Stanislas Mbanenande est placé en détention préventive depuis le 26 du même mois.
Après le génocide, il avait cherché refuge au royaume de Suède dont il a acquis, plus tard, la nationalité. Son procès, ouvert le 5 novembre dernier, pourrait durer jusqu’en mai 2013.
SRE/GF