10.12.12 - CPI/GUINEE - HRW DENONCE L’ABSENCE DE SOUTIEN POLITIQUE A LA JUSTICE EN GUINEE

La Haye, le 10 décembre 2012 (FH) – Dans un rapport publié le 5 décembre, l’organisation Human Rights Watch reproche aux autorités guinéennes de ne pas soutenir les enquêtes en cours concernant le massacre du 28 septembre 2009 au stade de Conakry et dénonce la lenteur des procédures.

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« Le manque d’un plus grand soutien du gouvernement à l’enquête soulève des questions quant à la volonté politique du gouvernement », écrit l’organisation américaine dans son rapport, intitulé Waiting for Justice.

Depuis 2010, un panel de juges guinéens enquête sur le massacre survenu le 28 septembre 2009 au matin au stade de Conakry, où les forces armées guinéennes avaient réprimé dans le sang une manifestation de l’opposition. Au moins 150 personnes étaient décédées sous les balles des militaires, et des dizaines de femmes avaient été violées. Une commission d’enquête de l’Onu avait qualifié les faits de crimes contre l’humanité.

Peu après le massacre, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) avait ouvert une analyse (étape préalable à l’ouverture éventuelle d’une enquête). La Cour ne conduit des enquêtes que si un Etat n’a pas la volonté ou les moyens de le faire. L’intervention du procureur de la CPI aurait incité la Guinée à mener des procédures sur son sol. Le cas guinéen est considéré comme un modèle de complémentarité avec la Cour.

Si HRW note de nombreuses avancées, elle regrette aussi les lenteurs et les défaillances du système judiciaire guinéen. A ce jour, plus de 200 personnes auraient été entendues par les juges, mais une centaine de victimes attendraient encore leur audition, selon l’organisation de défense des droits de l’homme. Plusieurs suspects devraient aussi subir un interrogatoire, dont l’ex président guinéen, le capitaine Moussa Dadis Camara. Actuellement au Burkina Faso, l’ex président guinéen ferait l’objet d’une demande de commission rogatoire, toujours pas exécutée.

En septembre 2012, note HRW, le colonel Abdoulaye Cherif Diaby, ex ministre de la Santé, a été inculpé pour viols et autres abus. Le colonel Moussa Tiégboro Camara, actuel ministre chargé de la lutte contre la corruption et le grand banditisme, serait aussi dans le collimateur des juges.

SM/ER