20.02.13 - CPI/GBAGBO - GBAGBO N’EST PAS LE SEUL SUSPECT, RAPPELLENT DES ONGs

Arusha, 20 février 2013 (FH) - A l’occasion de l’ouverture de l’audience de confirmation des charges dans l’affaire Laurent Gbagbo, plusieurs organisations des droits de l’homme ont rappelé à la procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, que l’ancien président ivoirien n’était pas le seul suspect des crimes commis dans son pays.

2 min 31Temps de lecture approximatif

L’ancien chef d’Etat est soupçonné d’avoir fomenté, avec ses proches, dont son épouse Simone, les violences post-électorales de 2010-2011, dans le but se maintenir au pouvoir, coûte que coûte. L’audience entamée mardi par une chambre préliminaire de la Cour durera une dizaine de jours au cours desquels l’équipe de Bensouda doit s’employer à convaincre les juges que le dossier établi à l’encontre de l’ancien président est suffisamment solide pour qu’il soit renvoyé en procès.

Dans un communiqué, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et ses organisations membres en Côte d’Ivoire - la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme (LIDHO) et le Mouvement ivoirien des droits Humains (MIDH) - « reconnaissent l’importance de cette étape dans le processus de justice en Côte d’Ivoire, et appellent une nouvelle fois à une justice équilibrée et impartiale ». Selon ce texte disponible sur le site internet de la FIDH, cette audience « est un moment clé dans la procédure engagée contre l’ancien Président ivoirien ». Mais « elle est aussi une occasion opportune pour rappeler les demandes de justice de toutes les victimes ivoiriennes et le besoin de poursuivre les plus hauts responsables quel que soit leur camp », selon le président de la FIDH, Souhayr Belhassen, cité dans le communiqué. « Si tous les auteurs des crimes ne sont pas poursuivis et que l’impunité reste présente en Côte d’Ivoire, le risque est grand de voir se dissiper l’effet préventif que doit apporter la justice, et ce au détriment des victimes présentes et futures », a renchéri le président du MIDH, Maître Drissa Traoré également cité dans le texte. « Pour l’heure, fait remarquer la FIDH, aucun mandat d’arrêt n’a été rendu public à l’encontre de personnes appartenant au camp d’Alassane Ouattara bien que des partisans de l’actuel président sont également suspectés d’avoir commis des crimes internationaux lors du conflit qui les a opposés aux partisans de Laurent Gbagbo ». Fatou Bensouda n’a cessé d’assurer qu’elle enquêterait sur les deux camps, sans discrimination, mais seuls les mandats d’arrêt visant Laurent Gbagbo et son épouse ont été rendus publics. «Le lent avancement des enquêtes au sujet des forces pro-Ouattara nourrit le sentiment que la CPI est du côté d'une justice des vainqueurs », a indiqué mardi à l’AFP Param-Preet Singh, conseillère pour la justice internationale au sein de Human Rights Watch (HRW).

Conduisant elle-même son équipe à l’ouverture de l’audience mardi, Mme Bensouda a attaqué sans ambages. « M. Gbagbo est responsable de la mort d'au moins 166 personnes, des viols d'au moins 34 femmes et filles », a déclaré la magistrate gambienne. « En l’espace de seulement quelques jours, la Côte d’Ivoire est passée d’un pays où des citoyens ordinaires respectueux des lois se présentaient massivement aux urnes pour élire leur président à un théâtre de violences extrêmes qui ont plongé une nouvelle fois le pays dans le chaos et divisé ses citoyens », a assené Mme Bensouda. Présent dans la salle, malgré son mauvais état de santé, Gbagbo n’a pas bronché. Près de 400 de ses partisans venus de Côte d’Ivoire et de pays européens, se tenaient à l’entrée de l’immeuble abritant le tribunal pour dénoncer la tenue de ce procès et demander la libération de leur champion. L’audience se poursuit mercredi.

ER/JL