Rafida Naif, la jeune Yazidie partie civile dans le dossier valant à la Française Sonia Mejri un prochain procès historique pour génocide, le premier pour une femme dans l'Hexagone, est prête à venir témoigner, a indiqué mercredi son avocate à l'AFP.
"Rafida Naif se tient à l'entière disposition de la justice française pour venir témoigner en personne, à l'occasion de ce procès, des faits d'une extrême gravité qu'elle a personnellement subis en tant que membre de la communauté yazidie", a indiqué dans un communiqué à l'AFP Me Clémence Witt, son avocate avec Me Anaïs Sarron.
L'avocate "se félicite que la justice avance dans ce dossier concernant les faits extrêmement graves et très anciens (septembre 2014 à mai 2015) dont leur cliente, alors âgée de 16 ans, a été victime".
"La cour d'assises spécialement composée de Paris aura à connaître de la qualification criminelle la plus sévère de notre droit", celle de génocide, "et examinera s'il ressort des débats que Rafida Naif a été victime de faits commis en exécution d'un plan concerté de l'EI tendant à la destruction totale ou partielle de la communauté yazidie à laquelle elle appartient", souligne cette avocate spécialiste de ce type de dossiers internationaux.
Pour elle, "ce procès sera une première historique en France à double titre". Ce sera la première fois qu'une ressortissante française sera jugée en sa présence pour génocide. Et pour la première fois une cour d'assises examinera des "+charges cumulatives+, c'est-à-dire des accusations constitutives à la fois de terrorisme et de crimes internationaux".
Pour l'avocate, les qualifications de crimes contre l'humanité et de génocide sont les "seules à même de traduire la volonté systématique et organisée de l'Etat islamique d'exterminer la minorité yazidie en exécution d'un plan concerté".
Sonia Mejri, revenante de Syrie, est renvoyée en procès, après le rejet de son pourvoi. Elle conteste avoir réduit en esclavage l'adolescente yazidie au printemps 2015.
Elle comparaîtra détenue devant la cour d'assises spéciale de Paris, à une date encore indéterminée.
"L'innocence de ma cliente sera prononcée par les juges du siège", lors du procès, a réagi l'un de ses avocats, Nabil Boudi.