Serbie : trois membres d'un groupe armé condamnés pour crime de guerre dans le massacre de Strpci

Trois membres d'un groupe paramilitaire de Serbes de Bosnie ont été condamnés mardi par un tribunal de Belgrade à cinq à dix ans de prison pour avoir livré à leurs bourreaux 20 civils enlevés à bord d'un train dans le village de Strpci, en Bosnie-Herzégovine, le 27 février 1993.

Le massacre de Strpci est l'un des nombreux crimes de guerre commis pendant les guerres en ex-Yougoslavie (1991-1995), dans lesquelles 130.000 personnes sont mortes, dont près de 100.000 en Bosnie. Les victimes, 20 civils descendus de force d'un train, avaient été dépouillées, frappées, puis abattues.

"Les accusés Gojko Lukic et Dusko Vasijevic sont condamnés à dix ans de prison et Dragana Djekic à cinq ans", a annoncé la Cour chargée de juger les crimes de guerre à Belgrade. Tous trois peuvent faire appel.

Un premier procès avait eu lieu en février 2022 mais le verdict avait été annulé en octobre 2023. Un quatrième membre du commando "Osvetnici" ("Les vengeurs") devait aussi être à nouveau jugé mais il est mort entre temps.

Selon l'acte d'accusation, Gojko Lukic, Dusko Vasiljevic et Dragana Djekic, mineure au moment des faits, ont forcé le conducteur à arrêter le train qui reliait Belgrade (Serbie) à Bar (Monténégro) pour en faire descendre des passagers non-serbes et un homme qui s'est interposé, qu'ils ont ensuite emmenés dans une école primaire près de Visegrad. Là, ils les ont battus, ont pris leurs objets de valeur, puis les ont conduits dans un autre village et les ont livrés à leurs assassins, qui n'ont jamais été identifiés.

Seuls les corps de quatre des vingt personnes tuées à Strpci ont été retrouvés, au bord du lac de Perucac, à environ 70 kilomètres des lieux du crime. Les autres victimes sont toujours portées disparues.

La plus âgée avait 59 ans, la plus jeune 16 ans.

Aucune enquête n'a jamais été ouverte sur les donneurs d'ordre de ce massacre.

Milan Lukic, le chef d'Osvetnici, s'est vu infliger la réclusion à perpétuité par Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie pour crimes contre l'humanité mais n'a jamais été condamné pour la tuerie de Strpci.

En mai 2024, le cinéaste Nebojsa Slijepvic a reçu la Palme d'or du court métrage pour "L'Homme qui ne se taisait pas", qui raconte l'histoire de ce massacre et du seul homme sur les 500 passagers du train qui a essayé de s'opposer aux paramilitaires, au prix de sa vie.

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