13.03.14 - RWANDA/FRANCE - PERPETUITE REQUISE CONTRE LE CAPITAINE SIMBIKANGWA, VERDICT VENDREDI

Paris, 13 mars 2014 (FH) -  Le procureur a requis mercredi à Paris la prison à perpétuité contre le capitaine Pascal Simbikangwa, premier Rwandais jugé en France pour sa participation présumée au génocide des Tutsis de 1994. La cour d’assises de Paris prononcera son verdict vendredi après avoir entendu les derniers arguments de l’accusé qui est un proche de l’ex-président Juvénal Habyarimana dont l’assassinat, dans la soirée du 6 avril 1994, avait déclenché le génocide.

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Au terme du réquisitoire, l'avocat général Bruno Sturlese a requis la peine maximale imposable en France pour « que la peine fasse sens pour les morts, pour les vivants et pour les générations futures ».Simbikangwa, qui se déplace en fauteuil roulant depuis un accident de la route en 1986, était poursuivi pour complicité de génocide et complicité de crimes contre l’humanité pour avoir entraîné, armé et galvanisé les miliciens Interahamwe, dans sa région natale de Gisenyi (nord-ouest) et dans son quartier huppé de Kiyovu, à Kigali.Mais au cours du procès, l’accusation a demandé que le premier chef soit requalifié pour devenir « génocide ».« Le code pénal met explicitement au même niveau les instigateurs et les exécutants. Cela me semble moral. Et l'attitude de Pascal Simbikangwa s'apparente à celle d'un instigateur », a plaidé l’avocat général. « Il a galvanisé, armé, ceux dont il savait qu'ils étaient devenus des chiens enragés (...) des massacreurs, des purificateurs. C'est un choix conscient et délibéré dans la ligne de son engagement politique », a assené le représentant de l’accusation.Lors du procès, le capitaine paraplégique a tenté de minimiser son rôle, reconnaissant cependant ses liens proches avec la famille de l’ex-président Juvénal Habyarimana.Il a admis qu’il exerçait une certaine influence qui lui a permis de sauver quelques Tutsis pendant le génocide.Sa thèse principale, qualifiée de « négationniste » par le procureur et les parties civiles, est que la responsable première du génocide incombe à l’ancienne rébellion tutsie du Front patriotique rwandais (FPR) qui avait attaqué le pays le 1er octobre 1990 à partir de l’Ouganda.Ce procès est historique à plus d’un titre. Outre qu’il est le premier du genre en France, il se tient alors que le Rwanda prépare les commémorations du vingtième anniversaire du génocide des Tutsis.Jeudi, c’est la défense qui présente ses plaidoiries. Les avocats de Simbikangwa qui ont déjà donné le ton lors des audiences antérieures, vont s’attacher à mettre en cause la crédibilité des témoins à charge qu’ils disent manipulés.Vendredi, c’est l’accusé qui s’adressera en dernier à la Cour d’assises avant que celle-ci se retire pour délibérer et rendre son verdict plus tard dans la journée.ER