« Effacer le tableau, c’était vraiment tout effacer : nos biens, nos gens »

A Mambasa et ses environs, au cœur de la forêt équatoriale en République démocratique du Congo, sur les traces des crimes jugés à 6.000 kilomètres de là, dans le procès de Roger Lumbala qui s’est ouvert le 12 novembre à Paris.

Sur les traces de Roger Lumbala, jugé en France pour des crimes commis en République démocratique du Congo (RDC). Photo : chemin sous les arbres en pleine forêt équatoriale, en Ituri. Des gens circulent à pieds ou à moto dans une ambiance lumineuse mystique.
C’est au couvert de la forêt équatoriale de l’Ituri, dans l’est de la République démocratique du Congo, que les exactions de la rébellion du RCD-N ont souvent été perpétrées, notamment contre les peuples autochtones pygmées. Photo : © Alexis Huguet / AFP
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Mambasa centre. Chef-lieu de l’un des cinq territoires de la province aurifère de l’Ituri, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC). 10 novembre 2025. A ce carrefour qui ouvre sur quatre axes, vers Beni (Nord-Kivu) au sud, Kisangani (Tshopo) à l’ouest, Isiro (Haut-Uélé) au nord et Bunia (Ituri) à l’est, un doux soleil se lève ce matin, dans cette région chaude perdue au cœur de la riche forêt équatoriale. Signe d’un bon temps pour des Mambassiens qui ont besoin du soleil pour chasser, cultiver la terre, extraire leur or et exercer leur commerce sans interruption.

Si l’on se souvient de ce que cette ville était il y a vingt ans, on peut noter qu’elle renaît. Des commerçants résilients, principalement venus du Kivu voisin, la construisent avec les autochtones. De nouvelles bâtisses poussent de terre et effacent des traces des guerres que la cité a connues, début 2000. « Par exemple l’avenue Cent mètres, il n’y avait pas autant de maisons et de commerces. Certaines maisons poussent sur des fosses communes », nous confie un habitant, qui logeait ici en 2002.

C’est notamment dans cette ville qu’ont été commis les crimes pour lesquels Roger Lumbala, ex-chef rebelle et ancien ministre congolais, est jugé depuis mercredi 12 novembre à Paris, pour complicité de crimes contre l’humanité commis par ses troupes pendant la deuxième guerre du Congo (1998-2003). A 6.000 kilomètres de la capitale française, en cette veille du procès, l’affaire ne fait pas débat à Mambasa. Même dans des endroits chauds comme l’esplanade de Mabo-ville ou chez Rachel City. Comme tous les soirs, des hommes et des femmes s’y rassemblent autour de quelques verres pour parler de la vie, de l’amour et du business. Mais pas du procès Lumbala, qui fait peut-être pour la première fois se tourner les projecteurs des médias internationaux sur ce coin d’Ituri. Dans ce milieu enclavé et dépourvu des infrastructures de communication, il n’existe pas grand-chose pour permettre aux habitants de suivre le procès.

« Je n’oublierai jamais ce sentiment de tristesse »

Quand on leur demande s’ils connaissent Lumbala, des vieux et des autochtones rétorquent surtout que la question réveille des souvenirs atroces endurés pendant l’opération militaire dénommée « Effacer le tableau », menée par les troupes du RCD-N (Rassemblement congolais pour la démocratie-National) de Lumbala, appuyées par celles du MLC (Mouvement de libération du Congo) de Jean-Pierre Bemba, en vue de conquérir l’espace occupé par l’APC (Armée du peuple congolais) du RCD-KML (Rassemblement congolais pour la démocratie-Kisangani Mouvement de Libération). Un bout d’histoire de la mosaïque sanglante, fluctuante et toujours renouvelée des groupes armés qui terrorisent et mettent à sac la région depuis trente ans.

Une victime qui a perdu son père, enseveli dans une fosse commune, accepte de nous parler du calvaire vécu par sa famille. Nous l’appellerons DKK pour préserver son anonymat. Il avait 18 ans à l’époque. Aujourd’hui, il est père de sept enfants et vit avec sa famille dans une case érigée à la sortie de Mambasa, près de la route de Kisangani. « Nous étions à trois semaines de la rentrée scolaire lorsque les combattants de Roger Lumbala sont venus de Bafwasende pour déloger l’APC de Mbusa Nyamwisi. Nous nous sommes retranchés avec mes frères et notre maman dans une forêt, près de la rivière Binasi. Mon père, resté dans la cité, avait été arrêté par les militaires de Lumbala, qui l’ont soumis à des travaux forcés. Avec d’autres voisins, ils devaient moudre la farine de manioc et puiser de l’eau pour les rebelles qui ont fini par les tuer, ayant remarqué qu’ils étaient Nande, l’ethnie de Mbusa Nyamwisi. Ce sont des secouristes de la Croix-Rouge qui les ont enterrés dans une fosse commune et sont venus nous annoncer la triste nouvelle dans notre cachette », raconte-t-il. « Nous avons fait une semaine sans savoir comment faire le deuil. Je n’oublierai jamais ce sentiment de tristesse. »

L'église catholique Christ Roi, à Mambasa-centre
L'église catholique Christ Roi, à Mambasa-centre. Photo : © Claude Sengenya / Justice Info

Même les tombes étaient pillées

Nous nous sommes entretenus avec sept victimes, témoins des atrocités attribuées aux hommes de Lumbala à Mambasa-centre, Butiaba 2 (6 km de Mambasa, vers Beni), Mandima (6 km de Mambasa, sur l’axe de Bunia), et Epulu (75 Km de Mambasa, sur l’axe de Kisangani). Elles peuvent hésiter sur la date des hostilités, mais s’accordent toutes sur plusieurs faits : les affrontements ont débuté quelques semaines après la rentrée de classe ; ils ont opposé les hommes de Lumbala à ceux de Mbusa Nyamwisi ; et l’offensive de Lumbala s’est déroulée en deux phases. La première, menée de manière autonome et émaillée d’innombrables crimes (pillages, viols, tueries), a permis au RCD-N de conquérir Mambasa-centre. La seconde, menée avec l’appui de Jean-Pierre Bemba, a permis aux hommes de Lumbala repoussés par l’APC jusqu’à Epulu, de revenir avec force et de progresser sur l’axe Komanda et l’axe Mangina.  

« A leur première offensive, ils ont pillé tout Mambasa. Ils faisaient du porte-à-porte pour dévaliser boutiques et maisons. Le commerce de mon père, ses récoltes, notamment des arachides, ont été emportées, et il ne nous est resté que quatre chèvres et deux vélos », se souvient DKK. Les chèvres seront vendues pour évacuer la maman et les frères cadets à Butembo (Nord-Kivu), les autres, plus adultes, étant obligés de marcher 200 km à pied. Certains habitants ont enfoui leurs objets de valeur dans le sol, dans des trous creusés dans leurs habitations, voire dans un cimetière public. A la découverte de cette ruse, les combattants de Lumbala ont commencé à les déterrer. LLJ, une autre victime qui résidait à l’époque à l’internat de la mission catholique de Mambasa, où il étudiait la coupe et la couture, témoigne : « Au cimetière de la mission catholique, ils ouvraient même des tombes pour se rassurer qu’il n’y avait pas d’objets cachés. Je les ai vus déterrer des corps et des restes humains. » Des scènes qu’il ne « reverra plus pour la deuxième fois dans sa vie ». LLJ affirme avoir vu des hommes du RCD-N abattre près de 30 vaches de la mission catholique et les laisser pourrir sur le lieu.

« Pendant le pillage, certains confondaient la soude caustique au vin et voulaient la boire ; d’autres confondaient de la mayonnaise à l’huile de lotion. Ils tiraient à bout portant sur des poules, des chèvres », témoigne TUK, une autre victime.

Exécutions sommaires et viols

Les « Effacer le tableau », comme on les appelle à Mambasa, ont pris à TUK son épouse « Rose », qu’il n’a jamais retrouvée depuis. TUK nous conduit dans l’enclos qui servait de quartier général à Freddy Mopao, le commandant réputé des forces du RCD-N. Situé en face de la Direction générale des migrations, dans un quartier qui accueille des offices étatiques, il abrite aujourd’hui l’Hôtel Les Pygmées. « Un matin, alors que j’étais à la recherche de mon épouse, j’ai vu des militaires débarquer ici avec huit personnes dont Papa François, mon voisin. Ces civils étaient ivres et les militaires leur ont demandé qu’est-ce qu’ils pensaient de leur chef Freddy Mopao. Sans hésiter, l’un de ces vieux, dans son état d’ivresse, a rétorqué que les habitants ne veulent plus de Mopao qui les fait souffrir. Ayant écouté cela, Mopao est sorti avec son revolver et a demandé à ses militaires de les conduire derrière la maison ici, et nous avons entendu huit coups de feu. En se précipitant pour regarder, nous avons vu huit corps sans vie, et tous ont été enterrés dans une fosse commune, derrière cette maison », raconte TUK. « Si vous doutez, je vous repère des coins de fosses communes dans cette parcelle et aux abords de la route qui mène sur la rivière Binasi, et si vous les ouvrez, vous allez tomber sur des restes humains. Aucune fosse n’a jamais été ouverte, et tout y est encore. Sur la rue Cent mètres, derrière nous, on commence à construire sur des fosses communes », ajoute-t-il. TUK affirme qu’il avait des accès aux QG des rebelles parce qu’il avait dans leurs rangs des amis avec qui il avait servi comme combattant dans l’AFDL, la rébellion qui avait porté Laurent-Désiré Kabila au pouvoir en RDC, en 1997, et qui avaient par la suite été recrutés par Lumbala.

Deux victimes nous ont ensuite conduits sur les lieux de fosses communes où leurs proches avaient été enterrés avec d’autres victimes, notamment dans l’enceinte de l’église catholique Christ-Roi, ainsi que dans un quartier d’Epulu, au cœur de la Réserve de faune à okapis. Si des bâtisses poussent sur certaines fosses communes, d’autres se retrouvent dans des parcelles de particuliers. Cela rend la tâche difficile aux familles des victimes pour les entretenir ou les conserver, hypothéquant ainsi le travail de mémoire. « Avant 2011, nous venions nous recueillir ici avec d’autres familles des victimes ensevelies dans cette fosse commune. Mon père repose ici. Mais je ne sais pas si l’on saura préserver ce lieu, parce que les prêtres y ont érigé leur couvent et les traces commencent à disparaître. Je n’ai que cet avocatier devant moi comme unique repère », s’inquiète DKK.

A Epulu (République Démocratique du Congo), un homme montre une fosse commune où est enseveli son frère, tué lors de l’opération « Effacer le tableau » menée par Lumbala.
A Epulu, un homme montre une fosse commune où est enseveli son frère, tué lors de l’opération « Effacer le tableau ». Photo : © Claude Sengenya / Justice Info

LLJ, qui habitait la mission catholique, dit avoir été témoin du viol systématique des femmes dans le cimetière de la mission où les rebelles les avaient croisées. « Je me sens toujours gêné de parler de ce cas. C’était ma première fois de savoir qu’une femme pouvait subir ça. Nous avons vu des rebelles violer des religieuses », dit-il avant d’être stoppé par son frère, assis à ses côtés et gêné de voir LLJ évoquer le cas des religieuses violées. « Jusque-là, faut pas citer leurs noms », supplie son frère.

Traque des pygmées et anthropophagie

« Mon frère était éco-garde et nourrissait les okapis », nous confie notre interlocuteur à Epulu, les yeux rivés sur la fosse commune dont il garde encore la trace.

Epulu est un village emblématique de la Réserve, par où étaient venus les rebelles et où ils s’étaient repliés après l’échec de la première offensive. Dans cette zone, on trouve des campements de peuples autochtones pygmées qui ont également subi d’extrêmes violences. Notre visite dans l’un de ces campements coïncide avec une cérémonie rituelle. Des pygmées implorent des sanctions ancestrales à l’encontre d’un beau-fils du village qui a tué sa femme, leur fille, avec un poignard. Le chef de camp nous interdit toute prise d’image pour « ne pas fâcher les ancêtres », mais accepte de nous témoigner de ce que sa famille a subi pendant l’opération « Effacer le tableau ».

« Effacer le tableau, c’était vraiment effacer », lance ce leader pygmée qui manie bien le français. « On était à Epulu quand ils sont entrés, et quand nous avons entendu des coups de feu retentir, nous avons décidé de conduire nos familles dans la forêt, loin de la route. Malheureusement, eux aussi étaient des forestiers. Ils ont suivi nos traces jusqu’à croiser mon jeune frère et ma sœur dans leur champ. Ils étaient quatre militaires et tous ont violé ma jeune sœur à tour de rôle. Pire encore, ils ont demandé à mon frère de s’accoupler avec sa sœur. Depuis ce jour-là, ma sœur est devenue maladive », regrette-t-il, en se disant déterminé à ce qu’elle obtienne justice et réparation. « Nous devons être indemnisés », nous répond-il à la question de savoir ce qu’ils attendaient du procès à Paris.

En Ituri comme dans le Grand-Nord-Kivu (Beni, Butembo et Lubero), quand on évoque l’opération « Effacer le tableau », ce qui revient le plus à la mémoire des habitants ce sont des actes d’anthropophagie que les militaires de Lumbala et Bemba auraient commis à l’encontre des peuples autochtones pygmées. A Butembo, en Kinande populaire (langue parlée par les Nandes, peuples majoritaires du Grand-Nord), les habitants parlent de Chalya Cha Bemba (la nourriture de Bemba) pour qualifier les hommes moins élancés, comme les pygmées. Mais à Mambasa, nous n’avons pas rencontré de témoins qui attestent de ces actes d’anthropophagie. Et l’unique leader pygmée avec qui nous nous sommes entretenus n’a pas corroboré ces récits.

TUK, lui, assure que ce sont les militaires eux-mêmes qui affirmaient aux habitants qu’ils avaient consommé de la chair de pygmées dans un village situé entre Epulu et Ebiane, sur la route de Kisangani. « Des pygmées auraient refusé de servir de pisteurs aux militaires d’Effacer le tableau qui voulaient qu’on leur indique un raccourci dans la forêt pouvant conduire à Mambasa. Face à ce refus, les militaires les avaient traités de complices de l’APC. Ils les avaient tués et avaient consommé leur chair. A Mambasa, pour nous imposer l’obéissance, ils nous disaient : "Nous avons consommé des pygmées, maintenant vous ?"», rapporte-t-il.

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Le « roi des imbéciles »

L’histoire enseigne que l’opération « Effacer le tableau » était conjointement menée par les troupes du RCD-N et du MLC de Jean-Pierre Bemba, une figure majeure des guerres du Congo, devenu vice-président du pays, arrêté, jugé, condamné puis acquitté par la Cour pénale internationale (pour des crimes commis en Centrafrique) et aujourd’hui vice-premier ministre. Mais plusieurs habitants disent que les troupes du MLC n’étaient venus que dans la seconde phase de l’opération, en renfort aux hommes de Lumbala qui venaient de perdre Mambasa.

« En se retirant de Mambasa, les troupes de Lumbala conduites par Freddy Mopao écrivaient sur les murs des habitations : "Keba na retour" (Attention au retour, en lingala). Un jour, nous avons appris qu’ils revenaient et avaient bénéficié d’un renfort en troupes. Et quand ils ont atteint le pont Epulu sur l’axe Mungbere, les habitants de Mambasa, se rappelant des crimes subis lors de la première offensive, ont commencé à vider la cité », rapporte TUK.

Les troupes venues à la rescousse des hommes de Lumbala n’étaient autres que les militaires du MLC, commandés par le redouté colonel Ramsès Widdy Divioka, alias "Roi des imbéciles". Il commandait également des unités réputées pour leur violence et indiscipline, comme le témoigne une victime dont la pharmacie a été pillée à Butiaba 2, village où le "roi des imbéciles" avait érigé son QG, dans l’enceinte d’une chapelle de l’église catholique qui n’a pas résisté au temps.

« Nous étions dans la confusion à leur arrivée. Parfois on les appelait les soldats de Bemba, parfois les soldats de Lumbala. Mais tous étaient les mêmes : ils ont tué trois personnes chez nous, à Butiaba 2, et torturé notre prêtre Franck. Ils ont également violé ma voisine qui a passé trois mois sous le lit de l’hôpital. Elle est encore en vie à Butembo, et ne sait plus travailler, car trop maladive depuis l’incident », rapporte une victime qui vit à Butiaba 2 depuis 1961. « Effacer nous a tellement tout effacé : nos biens, nos gens. Ils étaient venus nous effacer. »

Visites et promesses par hélicoptère

Comme cette victime de Butiaba 2, TUK de Mambasa et DLJ de Epulu affirment que, lors de la conquête des localités, Lumbala atterrissait en hélicoptère pour renforcer ses hommes en munitions et tenir des meetings populaires pendant lesquels il défendait sa lutte armée et sollicitait l’adhésion des communautés. « Cinq jours après la première prise de Mambasa, Lumbala est descendu à bord d’un hélicoptère, prétextant venir compatir avec les populations pillées. Il est venu avec quelques sachets de sel, de savon et de Rina (marque de l’huile végétale consommée dans l’est) qui ne pouvaient pas suffire pour tout le monde », raconte TUK.

« Ici, à Epulu, Lumbala est venu à bord d’un hélicoptère avec son chargé de presse et des mines, monsieur Gina. Il est venu ravitailler ses troupes, mais avait tout de même demandé pardon pour le mal subi. Il portait une tenue militaire et parlait Kiswahili. Nous étions surpris. Il a justifié sa lutte, indiquant qu’il était venu nous libérer, en effaçant les bavures de l’APC. D’où l’opération "Effacer le tableau" », témoigne un habitant d’Epulu qui dit avoir perdu ses économies durant cette guerre. « La deuxième fois, il disait venir nous assister. Il n’avait que 50 kg de sel et une farde de cigarettes. Chaque ménage n’a eu qu’une cuillère de sel. Il promettait de revenir avec beaucoup plus d’assistance, qui n’est jamais arrivée. Mais dans son meeting, il défendait ses troupes », ajoute ce notable réputé dans la zone.

Besoin de réparations

« Avec mon champ, j’avais de quoi nourrir ma famille et investir. Pendant la guerre, de nombreux habitants se sont réfugiés dans mon champ et tout a servi à les nourrir. Si je demeure pauvre, c’est parce que "Effacer le tableau" nous a imposé une guerre. Sinon, j’aurais ma maison », regrette DLJ qui cultivait du riz, du haricot ainsi que de la banane. Une victime se rappelle de la faillite de ses voisins dont les richesses ont été pillées. « Vieux Lusasa et Gaspard sont devenus pauvres alors qu’ils avaient de la fortune. Tout a été pillé. Gaspard est mort d’une crise car il ne digérait pas qu’il était redevenu pauvre. »

« Ce que nous avons enduré à Mambasa, ce sont des crimes qui doivent être jugés. Malheureusement, notre justice est malade et ne sait rien juger depuis 23 ans. Que la justice internationale nous aide », déclare une victime qui s’apprête à rejoindre la France pour témoigner contre Lumbala. « Vu les pertes en vies humaines, il faut que la justice agisse. Ça ne doit pas rester impuni », insiste TUK.

DKK pense que la mort de son père a plongé sa famille dans un déséquilibre qui mérite aussi une indemnisation. « J’étais le plus intelligent de la famille. A la mort de notre papa, mes frères ainés et cadets ont été obligés d’abandonner l’école pour me soutenir. J’ai fini l’université, et c’est devenu comme une dette morale : tout le poids de la famille repose sur mes épaules. Si aujourd’hui nous manquons de l’équilibre, c’est parce que nous avons perdu un pilier », déplore-t-il.

A Epulu, des victimes témoignent que Lumbala aurait encore des proches laissés dans la région de Bafwasende, son principal maquis, et qui fileraient des victimes et témoins. Nous n’avons pu vérifier ces allégations. Mais Jean-Pierre Bemba est aujourd’hui vice-premier ministre à Kinshasa et un soutien du premier cercle du président de la RDC, Félix Tshisekedi. Et certaines victimes, dont le leader pygmée, affirment avoir peur des actes de représailles.

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