Bosnie : premier verdict pour le déni du génocide de Srebrenica confirmé en appel

Un tribunal bosnien a confirmé vendredi en appel le premier verdict prononcé par la justice locale pour le déni du génocide de Srebrenica, commis en 1995, en condamnant un Serbe bosnien à trois ans et demi de prison.

Président d'une association nationaliste pro-russe, "Istocna alternativa" (Alternative orientale), Vojin Pavlovic, 49 ans, a été reconnu coupable d'"incitation à la haine nationale, raciale et religieuse, et à la discorde", a annoncé la Cour d'Etat de Bosnie dans un communiqué.

La cour d'appel a par ailleurs augmenté la sentence, car M. Pavlovic avait été condamné en première instance, en mai, à deux ans et demi de prison.

"Un recours contre le verdict de deuxième instance n'est pas autorisé", précise le tribunal.

Quelque 8.000 hommes et adolescents bosniaques (musulmans) ont été tués en juillet 1995 dans le massacre de Srebrenica (est) par les forces serbes de Bosnie, crime qualifié de génocide par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) et par la Cour internationale de justice (CIJ).

Il s'agit du pire crime commis pendant la guerre intercommunautaire de Bosnie qui a fait au total près de 100.000 morts, de 1992 à 1995.

Vojin Pavlovic a été reconnu coupable pour ses actions lors de deux événements évoqués dans l'acte d'inculpation.

Le 10 mars 2023, il avait fait installer à un carrefour à Bratunac, près de Srebrenica, une bannière avec le portrait de l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, pour lui souhaiter un "joyeux anniversaire".

Le général Ratko Mladic, ainsi que l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, ont été condamnés à perpétuité par le TPIY, notamment pour le génocide de Srebrenica.

Le 11 juillet 2023, jour des commémorations du massacre de Srebrenica, il avait organisé un rassemblement à Bratunac et collé des affiches à travers la ville avec le message : "Le 11 juillet, jour de la libération de Srebrenica. Merci à l'Armée de la Republika Srpska", l'entité des Serbes de Bosnie.

Le déni du génocide de Srebrenica et autres crimes de guerre, ainsi que la glorification des criminels de guerre, sont passibles depuis 2021 de cinq ans de prison, après une modification du code pénal du pays par le Haut représentant international, à l'époque le diplomate autrichien Valentin Inzko.

Cette décision de cet envoyé spécial, chargé de veiller au respect de l'accord de paix et qui est doté de pouvoir discrétionnaires lui permettant d'imposer des lois, avait été vivement dénoncée par des dirigeants politiques des Serbes de Bosnie.

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