Dans une déclaration rendue publique lundi, la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, indique : « Nous prenons au sérieux les rapports (faisant état) de liens (de la crise en cours au Burundi) avec les FDLR ainsi que les centaines de réfugiés traversant quotidiennement la frontière rwandaise, mais surtout l'impératif de la protection des civils ». Considérés comme l’une des principales sources de l’insécurité devenue récurrente dans la région des Grands lacs africains, les rebelles hutus des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) sont basés depuis plusieurs années dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) voisine du Rwanda et du Burundi. Certains de leurs membres sont accusés par Kigali d’avoir pris part au génocide des Tutsis de 1994, dans leur pays d’origine.« Nous lançons un appel aux dirigeants Burundais à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour ramener le pays à une situation pacifique. Nous allons continuer à travailler avec la région et la communauté internationale pour soutenir la paix », poursuit la chef de la diplomatie rwandaise qui ne précise pas la nature de la contribution de son pays. «Bien que nous respections la souveraineté du Burundi dans le traitement des questions internes, le Rwanda considère la sécurité de la population innocente comme une responsabilité régionale et internationale», insiste Mme Mushikiwabo.Dans une interview publiée par le magazine Jeune Afrique début avril dernier, c’est le le président Paul Kagame en personne qui avait dit craindre que la situation au Burundi ne soit exploitée par les FDLR. « Si j'en crois ce que l'on nous rapporte de différentes sources, nous avons en tant que voisins quelques motifs sérieux d'inquiétude. Le climat politique est tendu, des risques d'explosion existent, et nous craignons que cette spirale potentielle de violence soit exploitée contre nous par les forces négatives qui opèrent dans l'est de la RD Congo », avait déclaré Kagame.Quelques jours plus tard, le président burundais, Pierre Nkurunziza avait rencontré son homologue rwandais à Huye, dans le sud du Rwanda. Selon des sources, l’entretien avait été largement dominé par les tensions au Burundi à l'approche de la présidentielle de juin prochain.Pendant ce temps, des Burundais continuent d’affluer au Rwanda. Et pas des moindres. Selon le quotidien privé rwandais, New Times, qui cite des sources administratives rwandaises, le vice-président de la Cour constitutionnelle du Burundi, Sylvère Nimpagaritse est arrivé lundi dans le district rwandais de Rusizi. Le juge burundais a fui son pays alors que la Cour constitutionnelle, saisie par un groupe de sénateurs, doit encore se prononcer sur la légalité ou non d’un nouveau mandat du président Pierre Nkuzunziza. Selon l’AFP, le magistrat explique avoir fui son pays pour ne pas céder aux pressions. « En mon âme et conscience, j'ai décidé de ne pas apposer ma signature sur un arrêt, une décision qui carrément est à côté de la loi et qui a été imposée de l'extérieur, qui n'a rien de juridique », a-t-il indiqué à l’AFP.Parmi les autres responsables burundais qui ont déjà franchi la frontière avec le Rwanda, figurent le député Thomas Bukuru, les maires des communes Gisagara et Mushiha, respectivement Gaudiose Niyonsaba et Basile Ndereyimana, toujours selon le New Times.ER