L'inflation aux Etats-Unis, qui n'avait fait quasiment qu'accélérer ces derniers mois, a ralenti en novembre, un revirement qui n'avait pas été anticipé par les marchés et a ravi jeudi la Maison Blanche.
Des analystes ont toutefois estimé que les données pouvaient être en partie faussées par la longue paralysie budgétaire ("shutdown", du 1er octobre au 12 novembre) qui a suspendu la collecte des informations par les services statistiques officiels.
L'indice des prix à la consommation (CPI) a reflué le mois dernier à 2,7% sur un an alors qu'il était de 3% en septembre (les chiffres d'octobre ne seront jamais connus en raison du shutdown), selon un rapport dévoilé jeudi.
Les investisseurs s'attendaient au contraire à ce que l'inflation accélère encore un peu, à 3,1%, selon le consensus publié par MarketWatch.
L'inflation sous-jacente (hors prix volatils de l'alimentation et de l'énergie) a aussi ralenti, à 2,6% (contre 3% en septembre).
"Aucun économiste" n'avait vu venir un tel ralentissement, s'est félicité sur la chaîne Fox Business le conseiller économique du président Donald Trump, Kevin Hassett.
"Nous n'allons pas encore crier victoire sur la question des prix, mais c'est un rapport CPI incroyablement bon", a ajouté M. Hassett, pressenti pour prendre la tête de la banque centrale des Etats-Unis (Fed) au printemps prochain.
- Le poids des factures -
La question du coût de la vie est revenue au sommet du débat public aux Etats-Unis.
Donald Trump a fait un retour triomphal à la Maison Blanche en promettant notamment de redresser le pouvoir d'achat des Américains.
Mais l'inflation, qui avait entamé une longue décrue après le pic atteint au printemps 2022 (avec un CPI autour de 9%), a réaccéléré cette année à partir d'avril, quand le républicain a imposé une vague de nouveaux droits de douane sur les produits entrant dans le pays.
Dans une allocution de fin d'année mercredi soir, M. Trump a assuré que les prix baissaient "rapidement", tout en reconnaissant que la lutte contre l'inflation n'était "pas encore finie".
De fait, si les prix ont augmenté moins vite le mois dernier, ils ne baissent pas.
Des catégories marquent même des hausses "significatives" sur un an, souligne le service statistiques officiel: les dépenses de santé (+2,9%), l'équipement pour la maison (+4,6%), les voitures et camions d'occasion (+3,6%).
Mais aussi les protéines (viande, poisson, oeufs) qui ont augmenté de 4,7% sur un an.
Quant au prix de l'électricité, il a progressé de près de 7% par rapport à la même période l'an dernier. La hausse est encore plus marquée pour le gaz naturel (+9,1%).
Le soulagement vient en revanche des prix à la pompe (+0,9% sur un an) ou encore de l'habillement (+0,2%).
Pour l'économiste Heather Long, de la banque Navy Federal Credit Union, les données de novembre sont frappées du sceau du soupçon.
"Le shutdown a clairement eu un impact sur la collecte des données", estime-t-elle dans une note.
"L'inflation ne s'est pas fortement améliorée entre septembre et novembre. Toutes les personnes qui sont allées au supermarché ou ont payé une facture d'électricité le savent", ajoute-t-elle.
"À première vue, le rapport de novembre suggère que le pic d'inflation est peut-être derrière nous", remarque Oren Klachkin, économiste chez Nationwide. Mais il considère également que des variations d'échantillon dues au shutdown risquent "de surestimer l'ampleur du ralentissement".
La Fed va se garder de tirer des conclusions hâtives devant ce rapport, selon Matthew Ryan, analyste chez Ebury: "Premièrement, parce que les perturbations liées au shutdown ont pu fausser artificiellement les données et deuxièmement, parce que nous sommes encore loin d'observer l'impact définitif des droits de douane (mis en place par le gouvernement, NDLR) sur les prix à la consommation".

