08.01.08 - RWANDA/CANADA - LA DÉFENSE DE DÉSIRÉ MUNYANEZA ENTAME SA PREUVE

Montréal, 8 janvier 2008 (FH) – Le procès de Désiré Munyaneza, un réfugié Rwandais accusé de participation au génocide de 1994, a repris lundi à Montréal avec la comparution de la soeur de l'accusé, premier témoin présenté par la défense. Delphine Uwimbabazi, 34 ans, est venue de Belgique, où elle réside depuis 2000, pour répondre à l'avocat de son frère, Me Richard Perras.

1 min 43Temps de lecture approximatif

L'accusation avait achevé en octobre la charge de la preuve. « Nous allons établir que M. Munyaneza n'est pas coupable » des crimes qui lui sont reprochés, a annoncé Me Perras au juge André Denis.

Après avoir juré sur la bible de dire toute la vérité, la soeur de l'accusé a raconté comment, aux premières heures du génocide, s'organisait la vie dans la maison familiale de Butare.

À l'époque, Désiré Munyneza habitait encore la demeure de ses parents. Commerçants aisés, ces derniers possédaient une grande maison ainsi qu'une maison secondaire, ce qui a permis d'accueillir les parents fuyant les tueries. Cette description aux allures d'arche de Noé n'était pas anodine : certains témoins présentés précédemment par l'accusation avaient déclaré que Désiré Munyaneza les avait séquestrés au domicile familial.

Le témoignage de Mme Uwimbabazi s'est poursuivi à huis clos, à la demande de la défense.

Poursuivi pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide, Désiré Munyaneza comparaît devant la Cour Supérieure du Québec depuis le 26 mars 2007. Il est accusé d’avoir pris part aux persécutions, qui ont fait, selon l'ONU, 800 000 victimes entre début avril et juillet 1994.

Parmi les 28 témoins présentés par l'accusation, certains ont accusé Munyaneza d'avoir dirigé une milice qui, armée de machettes et gourdins, surveillait un réseau de barrages routiers érigés à travers la ville de Butare. Des milliers de Tutsis auraient ainsi été exécutés.

« Au travers de nos témoignages, nous allons démontrer la fausseté de plusieurs allégations de témoins présentés par la poursuite », a averti Me Perras au début de l'audience.

La défense espère entendre entre 25 et 30 témoins, dont la plupart résident hors du Rwanda (Amérique du Nord, Europe, Tanzanie et Kenya). Ainsi, quatre commissions rogatoires sont souhaitées par la défense. La première commission se tiendra en France du 15 au 24 janvier : trois individus comparaîtront au Tribunal de Grande Instance de Paris. À la demande du tribunal canadien, les procédures devraient se tenir à huis clos.

Au début de l'audience de lundi, le juge Denis a fait part de son souhait de finir le procès avant le 31 juin 2008.

CS/PB/GF