02.04.08 - RWANDA/ESPAGNE - KAGAME DENONCE « L'ARROGANCE » DU JUGE ESPAGNOL MERELLES

Arusha, 2 avril 2008 (FH) - Le président rwandais Paul Kagame a dénoncé « l'arrogance» du juge espagnol Fernando Andreu Merelles qui a émis en février dernier des mandats d'arrêt à l'encontre de 40 officiers de l'armée rwandaise qu'il accuse de génocide et de terrorisme, a rapporté mercredi le quotidien pro-gouvernemental rwandais, le New Times. « Si vous regardez ce qu'il y a dans le dossier, ils n'accusent pas seulement les individus cités, ils mettent en accusation le FPR (Front patriotique rwandais au pouvoir).

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Imaginez-vous cette arrogance! », a déclaré mardi lors d'une conférence de presse, le chef de l'Etat rwandais cité mercredi par le journal.

« Comment un juge espagnol assis dans un village espagnol se sent-il chargé de mettre en accusation la direction entière d'un pays ? », s'est interrogé Kagame dont c'était la première réaction publique aux mandats d'arrêt du juge espagnol.

«Certaines personnes en Occident se mettent à la place de Dieu ; elles pensent qu'elles ont de l'autorité sur nous. Elles n'ont pas de compétence judiciaire sur nous, sur le Rwanda, sur moi », s'est indigné le président rwandais.

« Elles pensent que les Rwandais ou les Africains sont tous des tueurs. Pour elles, nous sommes tous les mêmes. Mais sommes-nous réellement tous les mêmes ? Non, je ne peux pas accepter cela», a poursuivi Kagame.« La guerre que nous avons déclenchée, c'était pour libérer notre pays », a affirmé le président rwandais, assurant que s'il rencontrait le juge Merelles, il lui dirait « d'aller en enfer ».

«Toutes les personnes mises en accusation étaient sous mon commandement; il devrait mettre toute la responsabilité sur mes épaules et attendre la fin de mon mandat », a -t-il suggéré. Le juge Merelles a déclaré dans sa décision qu'il ne pouvait mettre en accusation Kagame, du fait de son immunité de chef d'Etat en exercice. « Ce juge-là vient d'une certaine école de pensée, il appartient à un courant ; il est au service d'un objectif », a conclu le chef de l'Etat rwandais, lors de sa conférence de presse mensuelle.

Le juge de l'Audience nationale a annoncé le 6 février avoir émis des mandats d'arrêt contre 40 militaires de l'actuel régime rwandais, dont 11 généraux, en les accusant de "génocide, crime contre l'humanité et terrorisme" dans les années 90. Ils sont notamment accusés d'avoir sciemment déstabilisé le régime de Juvénal Habyarimana en place à l'époque, en commettant des actes terroristes avant de s'emparer du pouvoir.

Le gouvernement rwandais a qualifié de « ridicules » ces mises en accusation et appelé la communauté internationale et Inperpol à ignorer ces mandats d'arrêt. De son côté, le Parlement rwandais a demandé au gouvernement de poursuivre le juge espagnol pour négationnisme.

ER/PB/GF