La table des orateurs était composée du Français Pierre Péan, du Canadien Robin Philpot, tous deux écrivains et journalistes, et de l’Espagnol Jordi Palou-Loverdos, avocat à l'origine d'une plainte ayant récemment abouti à l'émission de mandats d'arrêt à l'encontre de quarante officiers membres du FPR, le Front patriotique rwandais, ancien parti tutsi du président Paul Kagamé.
Le journaliste belge Peter Verlinden s’est quant à lui exprimé par vidéo, racontant les déboires qu’il connaît pour se rendre au Rwanda, depuis qu’il a réalisé des reportages dénonçant le régime de Paul Kagamé. « Je ne nie pas le génocide des Tutsis, mais je refuse la version de Kigali. J'affirme qu'il y a eu aussi depuis 1990 des massacres de masse de Hutus, que la justice d'abord, puis l'histoire, probablement ensuite, qualifiera un jour de génocide », a déclaré pour sa part Pierre Péan.
Selon le Français, la vérité est « tapie dans des tonnes de documents administratifs et militaires ; dans quelques pays qui ont été des acteurs directs ou indirects (…) ; dans des documents judiciaires, à Arusha, Paris et Barcelone, dans des livres, dans de nombreux rapports ».
Pourtant, a-t-il poursuivi, « ces masses impressionnantes de petits ou grands bouts de la vérité ne font pas encore le poids face à la vérité officielle imposée par Kigali.»
Selon le journaliste auteur de nombreux ouvrages à succès, l'histoire du génocide telle que défendue par Kigali constitue « le socle de la légitimité du régime du FPR », du président Paul Kagamé. « Si cette question officielle tombe, c'est Kagamé qui tombe », a-t-il dit dans une cacophonie d’applaudissements et de huées.
« Je m’aperçois dans une réunion comme ça que le chemin vers la vérité est très long encore. Je ne pensais pas que la conférence serait si chaude », a-t-il dit à l’Agence Hirondelle.
M. Péan doit comparaître du 23 au 25 septembre devant la 17ème chambre du tribunal de grande instance de Paris pour « complicité de diffamation raciale » et "complicité de provocation à la haine raciale", après que l'association française SOS-Racisme a déposé une plainte, estimant que dans son livre « Noires fureurs, blancs menteurs », le journaliste reprenait des « présupposés de l'idéologie génocidaire ». Une vingtaine de passages de son livre sont visés.
Vingt cinq témoins seront cités par les parties. Pierre Pean a déclaré à l’Agence Hirondelle aller « très tranquillement » devant la justice.
CS/PB/GF