21.04.08 - TPIR/RWANDA - L’ETAT DE DROIT SE TRANSFERE-T-IL COMME DES ACCUSES ? (GUICHAOUA)

Arusha, 21 avril 2008 (FH) - « L’équité et le respect des droits civils et politiques, les saines pratiques ne se décrètent pas, ne se négocient pas, ni ne se transfèrent » écrit André Guichaoua, témoin-expert au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), dans une critique sévère de la justice rwandaise. Dans ce texte paru fin janvier dans la presse française, le sociologue français, spécialiste du Rwanda, pourtant collaborateur habituel du bureau du procureur, énonce ses réserves sur les requêtes de transfert d’accusés déposées auprès de plusieurs chambres par le procureur.

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Le premier débat portant sur le transfert de Yussuf Munyakazi, un ex-homme d’affaires, aura lieu jeudi au TPIR.
« En revendiquant le transfert au Rwanda des archives du tribunal et des accusés encore non jugés ou non arrêtés (…) les actuelles autorités rwandaises entendent s’approprier le travail et la légitimité du TPIR alors qu’elles figuraient elles même parmi les cibles de la politique pénale de poursuite» écrit Guichaoua évoquant l’absence de toute poursuite à l’égard du FPR.
« Jusqu’où le TPIR peut il accepter de se soumettre à l’obligation de réalisme politique que l’actuel régime rwandais impose à tous les interlocuteurs internationaux au nom de leur défection devant les massacres et le génocide de 1994 ? » poursuit il.
Une telle attitude équivaudrait, selon lui, «aux mêmes erreurs du passé lorsque de tels satisfecits officiels étaient accordés aux régimes précédents ».
« Construite dans la durée au travers d’expériences et d’épreuves qui la conforte, la confiance dans le système judiciaire rwandais doit en premier lieu être reconnue et partagée par la population rwandaise et ‘’l’opinion publique’’ internationale. Ce qui n’est manifestement pas le cas » conclut-il.
PB/AT