« L’impasse a duré trop longtemps. Nous ne pouvons donc que saluer des initiatives de ce genre. Mais seule l’arrestation de cet homme mettra fin à cette impasse », a déclaré Mutabingwa à l’agence Hirondelle.
La même préoccupation avait été exprimée mardi par le porte-parole du TPIR, Roland Amoussouga.
«Il s’agit d’une bonne nouvelle mais des efforts supplémentaires doivent être déployés (par le Kenya) pour assurer son arrestation, conformément aux exigences de la communauté internationale », avait réagi M. Amoussouga.
Pour sa part, Timothy Gallimore, porte-parole du bureau du procureur avait préféré ne pas faire de commentaire.
Pour un observateur kényan du TPIR qui a requis l’anonymat, cette saisie n’avance nullement les choses. « Au regard de tous les biens que compte Kabuga au Kenya, il ne perd rien. Le problème reste entier : il garde les moyens nécessaires pour continuer à narguer ceux qui le traquent, dans un pays gangrené par la corruption », a-t-il estimé. A Nairobi, de nombreux médias lient la corruption policière à ce dossier. Selon eux, plusieurs repérages auraient permis de localiser Kabuga mais celui ci aurait à chaque fois été prévenu de l'imminence de son arrestation.
Fin septembre 2006, le procureur du TPIR, Hassan Bubacar Jallow, avait pressé le Kenya d'arrêter M. Kabuga. Le mois suivant, la police kényane avait renouvelé ses appels à témoin en vue de son arrestation, le présentant comme un "fugitif extrêmement dangereux".
Accusé d’avoir commandé les machettes ayant servi dans les massacres de 1994, Kabuga est le suspect le plus recherché par le TPIR. Il s'était d'abord réfugié en Suisse avant de prendre la fuite en République démocratique du Congo (RDC) puis au Kenya, où il a échappé à au moins trois tentatives d'arrestation. Il est soupçonné d'avoir reçu une protection de la part de l'ancien président kényan, Daniel Arap Moi (1978-2002). Son gendre, Augustin Ngirabatware, ancien ministre du Plan, a été arrêté en septembre 2007 en Allemagne où il est toujours détenu en attendant l’aboutissement de la procédure de son transfert au TPIR.
Membre du parti présidentiel rwandais de l'époque, le Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND), M. Kabuga était par ailleurs parent par alliance de l'ex-président rwandais Juvénal Habyarimana, dont l'assassinat le 6 avril 1994 a déclenché le génocide.
En plus de Kabuga, 12 autres accusés du TPIR sont encore en fuite alors que le Conseil de sécurité a demandé au tribunal de terminer cette année les procès en première instance.
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