« Kalimanzira a participé aux campagnes génocidaires dans la préfecture de Butare », a déclaré à l’ouverture du procès, Christine Graham, représentant le bureau du procureur. Il jouissait, à Butare, a-t-elle poursuivi « d’un pouvoir, d’une autorité et d’une influence » dont il a abusé en incitant la population hutu à tuer les Tutsis en plusieurs endroits de la préfecture.
Mme Graham a accusé Kalimanzira d’avoir joué « un rôle clé » dans le massacre vers fin avril 1994 de milliers de Tutsis qui avaient cherché refuge sur la colline de Kabuye, dans la commune de Ndora.
« Des réfugiés tutsis se sont approchés de lui, lui ont demandé de l’aide mais au lieu de cela, il a encouragé les assaillants à poursuivre le massacre », a asséné la représentante du procureur. Elle a indiqué que ces tueries de Kabuye commises par des soldats, des miliciens Interahamwe et des réfugiés burundais, avaient duré plusieurs jours.
Dans la préfecture de Butare, le génocide n’a commencé que vers la fin avril 1994 après une réunion publique qui a connu la participation de plusieurs membres du gouvernement intérimaire dont la président Théodore Sindikubwabo et le Premier ministre Jean Kambanda.
Le procureur soutient dans de nombreux actes d’accusation que les discours prononcés lors de cette réunion du 19 avril 1994 appelaient les Hutus de Butare à commencer les massacres de Tutsis.
Pour Mme Graham, Kalimanzira qui a joué le rôle de maître de cérémonies ce jour-là, a entièrement apporté son appui aux orateurs. Elle a promis de citer, parmi ses témoins, des victimes ainsi que des auteurs du génocide. Son premier témoin, surnommé BCF, pour preserver sa sécurité a expliqué que Kalimanzira était aux cotés du sous prefet de Gisagara, Dominique Ntawukuriyayo, actuellement détenu en France sous mandat d'arrêt lancé par le TPIR, quand il a appelé les réfugiés à se rendre sur la colline de Kabuye, où ils ont été tués.
« M.Kalimanzira plaide non coupable et persiste à plaider non coupable », a déclaré pour sa part, Me Anta Guissé, co-conseil. L’avocat principal de la défense, Arthur Vercken, francais également, empêché pour l’ouverture du procès, sera présent à l’audience à partir de lundi prochain.
Du 6 avril au 25 mai 1994, Kalimanzira a assuré à titre intérimaire la direction du ministère l'Intérieur dont le titulaire avait refusé de revenir au Rwanda aprés la mort du président Juvénal Habyarimana bien qu'il ait été renouvelé à ce poste par le gouvernement intérimaire. Kalimanzira venait du Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND), le parti présidentiel.
Le 8 novembre 2005, il s’est rendu volontairement au TPIR à Arusha en Tanzanie dans des circonstances qui devraient être éclaircies lors du procès..
Il est jugé par une chambre présidée par le juge Dennis Byron et comprenant également les juges Gustav Kam et Vagn Joensen. C'est le premier procès à s'ouvrir depuis Juin 2007. Le TPIR depuis sa première audience en 1997 a jugé 35 personnes, 28 sont en cours de jugements dans 11 procès dont 4 où les débats sont clos et en attente de jugement, Il doit théoriquement avoir terminé ses procès en première instance le 31 décembre de cette année. Six personnes attendent encore d'être jugées.
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