03.06.08 - BURUNDI/JUSTICE - LA JUSTICE MILITAIRE BURUNDAISE REFUSE DE JUGER LE MASSACRE DE MUYINGA

Muyinga (Nord du Burundi), 3 juin 2008 (FH) - La cour militaire du Burundi réunie à Muyinga depuis lundi pour juger les auteurs présumés des massacres qui se sont déroulé dans le camp militaire voisin de Mukoni, au nord du pays en septembre 2006, s'est déclaré incompétente en raison de la présence de soldats démobilisés dans les rangs des accusés. Vingt quatre militaires et anciens militaires avaient été cités pour être jugés après le meurtre d'une trentaine de personnes accusées d'appartenir à l'opposition et arrêtées en septembre 2006.

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Seuls 14 accusés, dont six détenus, s'étaient présentées devant la Cour.

Le Président du tribunal, le colonel Leonidas Nkurunziza, en annoncant cette décision en milieu de matinée a évoqué la constitution, le code pénal et le code réorganisant la compétence des juridictions militaires. Il a demandé à l’auditeur général de se pourvoir devant une juridiction compétente. Cette décision faisait suite à l’exception soulevée en raison de la présence de soldats démobilisés parmi les prévenus.

Les accusés devaient être jugés pour avoir pris part à ce massacre qui se serait déroulés dans le camp de Mukoni, où les victimes avaient été ammenées avant d'être jetées dans la rivière Ruvubu proche. Plusieurs membres du personnel administratif de la base, du personnel communal ainsi que le chef du service de renseignement au moment des faits avaient participé à leurs arrestations. Le principal accusé, le Colonel Vital Bangirimana, qui était alors commandant de cette région militaire, recherché dans le cadre d'un mandat d'arrêt international depuis février, a fui le pays en novembre dernier.

Selon le président de l'association pour la Promotion des Droits de l’Homme et des Prisonniers (APRODH), Pierre Claver, Mbonimpa seule la Cour Pénale Internationale pourrait juger cette affaire. M. Mbonimpa s'est dit déçu de la manière dont cette affaire est conduite. « Les juridictions nationales sont incapables de juger l’affaire, il faut verser le dossier à la Cour Pénale Internationale, nous demandons son intervention », a-t-il dit.

L'un des avocats de la défense, Me Deo Ndikumana a estimé que les intérêts de ses clients restaient les mêmes et a souhaité qu'un autre juridiction soit rapidement constituée. Pour un autre défenseur, Me Jean Bosco Nduwimana, ce délai devrait permettre la poursuite des enquêtes afin d'arrêter d’autres suspects pas encore mis en accusation. « Les caporaux mis en accusations ne sont que les dindons de la farce, cette décision nous permettra de mettre la main sur des civils qui ont joue un rôle dans ces massacres », a-t-il déclare.

EM/PB/GF