14.04.2004 - TPIR/BUTARE - NTEZIRYAYO AURAIT FELICITE LES HUTUS POUR AVOIR TUE LES TUTSIS

Arusha, le 14 avril 2004 (FH) -l'ancien préfet de Butare (sud du Rwanda), Alphonse Nteziryayo, aurait félicité les Hutus pour avoir tué les Tutsis en 1994, a affirmé un témoin mercredi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Dénommé "FAK" pour assurer son anonymat, le quarante-huitième témoin à charge dans le procès de six personnes poursuivies pour génocide et crimes contre l'humanité commis à Butare en 1994, a allégué que Nteziryayo, un des accusés, aurait agi ainsi lors D'un meeting tenu en commune Kibayi à une date qui n'a pas été précisée.

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Répondant aux questions du procureur Adelaide Whest, le témoin a indiqué que l'accusé a donné des instructions précises concernant la manière dont les Hutus devaient conduire le "travail". "Travailler", à cette époque, signifiait tuer les Tutsis, a dit le témoin.

FAK a déclaré que Nteziryayo avait ordonné de chasser et de tuer les enfants tutsis qui vivaient avec leurs grands parents ainsi que des filles tutsies qui cohabitaient avec des garçons hutus. FAK a indiqué que Nteziryayo avait donné ces ordres après s'être présenté comme préfet. Nteziryayo a été nommé préfet de Butare en juin 1994, remplaçant un autre accusé dans ce procès, Sylvain Nsabimana.

"Des filles tutsies cohabitant avec des jeunes gens hutus doivent être enlevées et tuées et quiconque refusera de les livrer risquera D'être tué avec eux", aurait déclaré Nteziryayo.

FAK avait auparavant indiqué que des barrages routiers ont été érigés dans sa localité après la mort du président Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994. Il a révélé qu'il était parmi des gens qui tenaient ces barrages avec comme instructions de tuer les Tutsis sur base de leurs cartes D'identité et D'épargner les Hutus.

FAK a admis avoir participé au meurtre et à l'enterrement D'un couple tutsi qui avait tenté de franchir un barrage. Il a ajouté que plusieurs tutsis qui avaient cherché refuge au bureau communal de Kibayi ont été tués. Une partie de la déposition de FAK s'est déroulée à huis clos. Mercredi après midi, il était contre-interrogé par l'avocat principal de Nteziryayo, Me Frédéric Titinga Pacere (Burkina Faso). Avant FAK, la chambre avait entendu, entièrement à huis clos, un autre repenti.

Nteziryayo et Nsabimana sont coaccusés avec l'ancien ministre de la famille et de la promotion féminine, Pauline Nyiramasuhuko, Arsène Shalom Ntahobali, fils de Nyiramasuhuko, ainsi que deux ex-maires, Elie Ndayambaje (Muganza) et Joseph Kanyabashi (Ngoma). Tous plaident non coupable.

Le procès Butare se déroule devant la deuxième chambre de première instance du TPIR présidée par le juge tanzanien William Sekule, assisté de la Malgache Arlette Ramaroson et de l'Ougandaise Solomy Balungi Bossa.

AT/NI/GF/FH (BT''0414A)