02.04.2004 - TPIR/MUHIMANA - UNE AUTRE ACCUSATION DE VIOL PORTEE CONTRE MUHIMANA

Arusha, le 2 avril 2004 (FH) – Un autre témoin du parquet entendu par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a accusé jeudi l’ancien conseiller du secteur Gishyita (préfecture Kibuye, sud-ouest du Rwanda), Michaeli Muhimana, alias Mika, d’avoir violé une femme en 1994 avant d’ ordonner sa mise à mort. Le témoin dénommé « AV » pour dissimuler son identité a déclaré devant les juges qu’elle a vu l’accusé, communément appelé ‘Mika’, violer une femme près du cimetière de la paroisse Mubuga.

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AV a indiqué qu’elle se cachait dans une buisson près du cimetière quand elle a aperçu Mika et un groupe de miliciens escorter six femmes.

« J’ai pu reconnaître, parmi ces femmes, Collette, Agnès Mukagatare, qui travaillait au dispensaire de Mubuga, et Alphonsine », s’est-elle souvenu.

Mika aurait fait remarquer que les miliciens ne pouvaient pas tuer les femmes sans les avoir préalablement violées. « Il a tiré Agnès du groupe et l’a traînée vers ma cachette », a relaté AV.

« Il lui a sommé d’enlever ses vêtements et quand elle a refusé, il l’a frappée puis l’a déshabillée », a-t-elle ajouté.

Après avoir accompli l’acte, l’accusé aurait menacé de poignarder la victime. Cette dernière l’aurait supplié D'être tuée par balle.

« Mika a éclaté de rire avant d’ordonner à la femme de rejoindre le groupe toute nue ». Il aurait ensuite invité les miliciens à faire leur travail, les enjoignant d’ouvrir les entrailles de ces femmes pour constater l’état des intestins d’une Tutsie.

Le témoin aurait appris plus tard que les corps des victimes avaient été jetés au bord de la route.

En attaquant les femmes à l’église catholique de Mubuga, Mika serait arrivé à bord d’une jeep Suzuki. « Je l’ai vu tirer d’un carton une grenade qu’il a lancée à travers la fenêtre. J’ai entendu une forte explosion, et il y avait des corps autour de moi. J’ai été blessée aussi », a rapporté AV.

AV est le troisième témoin à soulever des allégations de viol contre Mika.

Agé de 54 ans, Mika Muhimana répond de quatre chefs d’accusation : génocide, ou alternativement, complicité dans le génocide et crimes contre l’humanité (viol et assassinat). Il plaide non coupable.

Depuis qu’il est en détention, Mika s’est converti à l’Islam et s’est fait baptiser Issa.

Son procès se déroule devant la troisième chambre de première instance du TPIR, présidé par la juge pakistanaise Khalida Rashid Khan, assistée des juges kenyan Lee Gaciuga Muthoga et ghanéen Emile Francis Short.

Les débats reprennent lundi prochain.

Vendredi, tous les procès ont été ajournés à lundi en raison d’un incendie qui s’est déclaré dans les bâtiments de la juridiction internationale, causant « des dégâts mineurs », selon son porte-parole.

GA/KN/GF/FH(MH''0402A)