Muhimana, 54 ans, communément appelé “Mika”, répond de quatre chefs : génocide, ou dans l'alternative complicité dans le génocide, crimes contre l'humanité (viols et assassinats). Il plaide non coupable.
“C’est là que les pires meurtres d’intimes se sont déroulés. Des hommes et des femmes se sont mis à tuer leurs amis, leurs voisins, jusqu’à des membres de leurs familles,” a relevé le procureur. Il a ajouté que cela s’était passé “sous le regard attentif, l’exhortation, l’encouragement et la participation directe d’autorités locales telles que l’accusé.”
Jallow a poursuivi, disant que Muhimana et d’autres avaient utilisé le viol, le meurtre, les violences sexuelles et l’abus en tant qu’outils de destruction du groupe (ethnique) Tutsi.
“L’accusé a tué, il a exhorté à tuer, il a violé, violenté et a sexuellement abusé des femmes, poursuivant ainsi un but génocidaire, ” a-t-il déclaré.
Le procureur soutient que Muhimana a personnellement tué plusieurs femmes tutsies à Gishyita et dans les environs, après les avoir violées et humiliées publiquement. Il lui est également reproché D'avoir distribué des armes à des miliciens Interahamwe, fer de lance du génocide.
l'acte D'accusation indique que Muhimana a pris part à plusieurs massacres dans sa localité, notamment dans les églises de Mubuga et Mugonero et sur les collines de Bisesero.
Le parquet allègue que, le 16 avril au matin, l’accusé, notamment accompagné du Pasteur Elizaphan Ntikirutimana et de son fils, le docteur Gerald Ntakirutimana, ont attaqué le complexe religieux de Mugonero et “infligé une douleur inimaginable en massacrant jusque tard dans la nuit”.
Le Pasteur et le docteur Ntakirutimana ont été reconnus coupables, le 19 février 2003 par le TPIR, et condamnés en première instance à 10 et 25 ans de prison.
Muhimana est le premier responsable administratif de ce niveau à comparaître devant le TPIR. l'ex- responsable municipal de Mubuga, dans la même commune, Vincent Rutaganira, attend l'ouverture de son procès.
Mika Muhimana était homme D'affaires avant D'être élu à la tête de son secteur en 1988. Il a été arrêté le 8 novembre 1999 à Dar es Salaam en Tanzanie et transféré au centre de détention des Nations Unies à Arusha. Il s'est depuis lors converti à l'islam et s'est appelé Issa.
l'accusé est défendu par le professeur James Nyabirungu Mwene Songa et Me Kazadi Kabimba, tous deux originaires de la République démocratique du Congo (DRC). l'équipe de l'accusation sera conduite par le Nigérian Charles Adeogun- Phillips. Jallow a annoncé que l’accusation espère boucler sa preuve dans les quatre semaines “habituelles”.
Le 28 novembre dernier, le procès de l’ancien ministre des finances sous le gouvernement intérimaire, Emmanuel Ndindabahizi, s’est achevé. La poursuite, conduite par Phillips et le Tanzanien Wallace Kapaya avait conclu sa preuve en un mois, un record au Tribunal.
Dans le procès Muhimana, le parquet compte présenter vingt témoins, dont deux experts : le Hollandais Anthony Lucassen, enquêteur au TPIR, dont la déposition a débuté lundi, et l’activiste rwandaise des droits de la femme, Ingabire Marie Immaculee.
Ingabire est une ancienne journaliste et directrice de Pro-Femmes/Twese Hamwe, une ONG basée à Kigali spécialisée dans le conseil aux victimes de viol et de violences sexuelles au cours du génocide.
Le procès Muhimana se déroulera devant la troisième chambre de première instance du TPIR présidée par la juge pakistanaise Khalida Rashid Khan, assistée de deux juges non permanents le Kenyan Lee Gacuiga Muthoga et le Ghanéen Emile Francis Short.
CE/KN/GF/FH(MH''0330A)