29.03.2004 - TPIR/MILITAIRES I - LA DEFENSE DE NTABAKUZE REJETTE LES ALLEGATIONS DE VIOL

Arusha, le 29 mars 2004 (FH)- La défense l'ancien commandant du bataillon para-commando de Kanombe (Kigali), le major Aloys Ntabakuze, a qualifié de " fabulations" les allégations de viols soulevées par un témoin à charge à la reprise du procès de quatre hauts gradés des ex-Forces armées rwandaises (FAR) lundi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Les débats avaient été ajournés le 26 février dernier, au terme de l'audition du quarante-huitième témoin à charge.

2 min 3Temps de lecture approximatif

Le procès a commencé en avril 2002.

Ancien militaire du bataillon para-commado, le témoin entendu lundi avait été cité en novembre et en février derniers, et la défense avait sollicité un délai pour enquêter sur " des éléments de preuve nouveaux". Parmi ces éléments figurent des allégations de viol.

Le témoin a affirmé que Ntabakuze a dirigé une attaque contre des Tutsis réfugiés à l'Institut africain et mauricien de statistiques et D'économie appliquée de Kigali(IAMSEA) et à un centre géré par des pères jésuites en avril 1994. Des femmes tutsies auraient été enlevées et violées par des militaires que commandait l'accusé.

"Ce que raconte le témoin, c'est de la fabulation. Il s'agit D'une narration invraisemblable", a soutenu l'avocat canadien Me André Tremblay, qui représente Ntabakuze.

Me Tremblay a relevé que c'est pour la première fois que le témoin évoque des actes de viol alors qu'il a été entendu plusieurs fois par des enquêteurs du parquet. "Je ne savais pas, à cette époque, que le simple fait de violer une femme, sans la tuer, constituait un crime", s'est excusé le témoin.

Dénommé "DBQ" pour assurer son anonymat, le témoin a ajouté que s'il devait dévoiler tout ce qu'il sait à propos de Ntabakuze, " je passerais toute une année devant les juges, J'écrirais même un livre".

Sagissant de l'attaque de l'IAMSEA, la défense s'est fondée sur une déclaration D'un témoin expert du parquet, l'activiste américaine des droits de lhomme, Alison des Forges, selon lequel un major des FAR, qui devrait être Ntabakuze, a plutôt sauvé des vies à cet endroit.

"N'est-ce pas que ce major est précisément l'accusé?", s'est enquis Me Tremblay. "Cela est pur mensonge, si vous étiez sur place pour voir ce qu'il a fait, vous en auriez pleuré " a rétorqué DBQ.

Ntabakuze est co-accusé avec l'ancien directeur de cabinet au ministère de la défense, le colonel Théoneste Bagosora, l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, et l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva.
Ils sont accusés D'avoir planifié et mis en exécution le génocide qui fait un million de morts, selon Kigali. Les accusés plaident non coupable.

Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté des juges russe Serguei Egorov et fidjien Jai Ram Reddy. La déposition de DBQ se poursuivra mardi.

GA/AT/GF/FH (Ml''0329A)