17.02.2004 - TPIR/GOUVERNEMENT II - BIZIMUNGU " PRONAIT LES MASSACRES", SELON UN DE SES SU

Arusha 17 février 2004(FH)- l'ex-ministre de la santé sous le gouvernement intérimaire en place durant le génocide, Casimir Bizimungu, a "prôné les massacres" lors D'un passage au Centre hospitalier de Kigali (CHK) en avril 1994, selon un témoin cité mardi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Casimir Bizimungu est co- accusé avec les ex- ministres du commerce, Justin Mugenzi, des affaires étrangères, Jérôme Bicamumpaka, et de la fonction publique, Prosper Mugiraneza.

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Ils répondent chacun de six chefs D'accusation de génocide et de crimes contre l'humanité portant sur des massacres de Tutsis et autres exactions commis D'avril à juillet 1994 à travers le Rwanda. Ils plaident non coupable.

Dénommé "GIE" pour préserver son anonymat, le quatorzième témoin à charge est un Tutsi rescapé du génocide, qui travaillait au ministère de la santé en 1994.

"Le ministre (Bizimungu), qui était censé calmer les gens, a prôné les massacres, au lieu de rassurer tout le monde ", a allégué le témoin, situant les faits dans la matinée du 12 avril 1994.

l'accusé a informé le personnel du CHK " que la guerre était terminée au quartier ministériel de Kimihurura", a rapporté GIE. Selon le témoin, la fin de la guerre signifiait l'extermination des personnes soupçonnées de complicité avec la rébellion du Front patriotique rwandais (FPR) alors en guerre contre le gouvernement.

" Vous, ici, qu'est-ce qu'il vous faut, qu'est- ce qui vous manque ? ", aurait demandé le ministre aux employés de l'hôpital. Plusieurs Tutsis blessés étaient venus au CHK, pour des soins.
Un membre du personnel lui a répondu que "le problème principal ici est le nombre très élevé de cadavres", a déclaré GIE. l'ex-ministre aurait alors promis des camions ainsi que des prisonniers " pour charger ces cadavres".

" Les (miliciens) Interahamwe amenaient des cadavres au CHK, la Croix -Rouge également et il y avait des personnes tuées à l'hôpital même", a expliqué le témoin. Le témoin avait auparavant affirmé que le ministère de la santé employaient certains Interahamwe et que Casimir Bizimungu ne pouvait l'ignorer. "Il devait être au courant, ils appartenaient au parti MRND (Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement, alors parti présidentiel) comme lui, il les connaissait ", a soutenu le témoin.

Le témoin GIE était guidé, en interrogatoire principal, par le Kenyan Paul Ngarua, responsable de l'équipe de la poursuite dans cette affaire dite "Gouvernement II".

A la suspension des débats, l'avocate principale de Bizimungu, la Canadienne Me Michelyne Chénard Saint Laurent, venait tout juste de commencer le contre-interrogatoire. Elle le poursuivra mercredi.

Ce procès se déroule devant la deuxième chambre de première instance du TPIR présidée par le juge sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana, assisté du Kenyan Lee Gacuiga Muthoga et de la Pakistanaise Khalida Rashid Khan.

Il double l'affaire dite "Gouvernement I" dans laquelle comparaissent quatre autres hauts dignitaires de l'ancien régime rwandais à majorité hutue.

ER/AT/GF/FH(GVII''0217A)