04.02.2004 - TPIR/BUTARE - UN TEMOIN ACCUSE NTAHOBALI DE VIOL ET D'ASSASINAT

Arusha, le 4 février 2004 (FH) - Un témoin à charge entendu mercredi dans le procès du groupe Butare (sud du Rwanda) a allégué que des filles tutsies ont été enlevées au niveau D'une barrière tenue par Arsène Shalom Ntahobali, une des six personnes poursuivies dans cette affaire. Les victimes ont été par la suite violées et une D'entre elles assassinée.

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Ancien étudiant à l'Université nationale du Rwanda (UNR), Ntahobali est le fils de l'ancienne ministre de la famille et de la promotion féminine, Pauline Nyiramasuhuko, également accusée dans ce procès.

Dénommé "TB" pour dissimuler son identité, le témoin a indiqué que durant le génocide anti-tutsi de 1994, Shalom Ntahobali avait érigé une barrière devant la maison de sa mère sise dans la ville de Butare.

Le témoin, une femme tutsie rescapée des massacres, a décrit comment Ntahobali, en compagnie de deux soldats et de trois jeunes gens (Kazungu, Lambert et Jean-Pierre), aurait arrêté une camionnette Daihatsu de couleur jaune et fait descendre deux filles. Les soldats les ont conduit de force dans un buisson et les ont violées, a rapporté le témoin.

Quelques instants après, Shalom Ntahobali les aurait rappelées et entraîné une des deux filles derrière une école primaire attenante.

Mme TB a indiqué que l'accusé est revenu tout seul et a demandé à ses collègues de "travailler", un euphémisme qui, selon elle, signifiait tuer les Tutsis.

Plus tard, la fille a été retrouvée morte, a dit le témoin. Elle était couchée à plat ventre, ses vêtements déchirés, elle avait des blessures sur tout le bas ventre et au niveau des cuisses et il y avait beaucoup de sang qui provenait de ces parties intimes, a expliqué Mme TB.

Le témoin a en outre indiqué qu'il avait vu plusieurs personnes se faire tuer au niveau de ladite barrière dès le 21 avril 1994, quand les massacres sont devenus systématiques à Butare.

Arsène Shalom Ntahobali et Pauline Nyiramasuhuko sont coaccusés avec deux anciens préfets de Butare, Sylvain Nsabimana et Alphonse Ntezilyayo, ainsi que deux ex-maires, celui de Ngoma, Joseph Kanyabashi et celui de Muganza, Elie Ndayambaje.

Le contre-interrogatoire de Mme TB a commencé mercredi après- midi, à huis clos. Avant elle, le Tribunal avait entendu le témoin "QBQ", une femme victime de viols collectifs subis en 1994 et subséquemment atteinte de SIDA:

Mme QBQ a accusé Nyiramasuhuko D'avoir ordonné à des soldats et des miliciens"de violer des femmes et des filles tutsies et de tuer le reste".

Le procès se déroule devant la deuxième chambre de première instance du TPIR présidée par le juge tanzanien William Hussein Sekule, assisté des juges malgache Arlette Ramaroson et ougandaise Solomy Balungi Bossa.

AT/KN/GF/FH (BT''0204A)