03.02.2004 - TPIR/MILITAIRES I - DES GENDARMES ONT COMMIS DES MASSACRES EN 1994, SELON LE MAJOR BEAR

Arusha, le 3 février 2004 (FH) - Le major canadien Brent Beardsley a affirmé que des gendarmes rwandais ont participé à des massacres de Tutsis en 1994, lors de son témoignage mardi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Ancien aide de camp du commandant de la Mission des Nations Unies pour l'assistance au Rwanda (MINUAR), le major Beardsley dépose dans le procès de quatre hauts gradés des ex-Forces armées rwandaises (FAR), dont le colonel Théoneste Bagosora.

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En 1994, Bagosora était directeur de cabinet au ministère de la défense.

Le major Beardsley a déclaré que "des gendarmes, des miliciens Interahamwe et des civils ont oeuvré de concert pour s'assurer que les massacres avaient lieu". Selon lui, tous les "agents de l'ordre" étaient impliqués dans des massacres à des endroits stratégiques, tels les barrages routiers.

"Les gendarmes brûlaient les cartes D'identité des adultes, ensuite les Tutsis étaient tués", a indiqué le témoin.

"Je ne me souviens pas avoir vu des gens tués délibérément mais J'ai vu des gens qui subissaient un contrôle D'identité, puis des corps frais étaient étendus à coté des barrages. J'ai fouillé les cadavres abandonnés. Les Tutsis en tant qu'ethnie étaient ciblés", a-t-il souligné..

Le major canadien a indiqué avoir été témoin D'un massacre commis par des gendarmes à la paroisse de Gikondo dans la ville de Kigali. Il y avait "environ 165 corps D'hommes, de femmes et D'enfants pour la plupart en tenue civile. C'était une vue obscène. Les corps avaient été coupés avec des machettes, les cadavres gisaient dans l'église et près de la clôture".

Après enquête, la MINUAR a établi que les victimes étaient tutsies, a-t-il dit. Le major Beardsley a ajouté qu'un prêtre et des observateurs militaires avaient été forcés D'assister aux tueries. "Les gendarmes ont mis leurs fusils à la gorge du prêtre et des observateurs militaires, ils ont ensuite tailladé les ventres des femmes enceintes et ont tué les autres personnes à petit feu, en les mutilant".

Le major Beardsley a déjà terminé son interrogatoire principal. Il est pour le moment contre-interrogé par l'avocat martiniquais Me Raphaël Constant, qui représente Bagosora.

Bagosora est coaccusé avec l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat-major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, ainsi que l'ex-commandant du bataillon para-commando de Kigali, le major Aloys Ntabakuze.

Le procureur affirme que les accusés avaient un contrôle sur les soldats, les gendarmes et les miliciens Interahamwe et les civils qui ont commis le génocide en 1994. Ils plaident non coupable.

Leur procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté des juges russe Serguei Aleckseievich Egorov et fidjien Jai Ram Reddy. La déposition du major Beardsley se poursuit mercredi.

AT/SV/GF/FH (Ml''0203C)