20.01.2004 - TPIR/MILITAIRES I - DALLAIRE: DEUX JOURS D'INTERROGATOIRE PRINCIPAL CENTRE SUR BAGOSORA

Arusha, le 20 janvier 2004 (FH)- Le général canadien Roméo Dallaire, qui commandait la Mission des Nations Unies pour l'assistance au Rwanda (MINUAR) a clôturé mardi soir son interrogatoire principal centré sur le colonel Théoneste Bagosora. Roméo Dallaire témoigne à charge depuis lundi dans le procès dit "Militaires I" dans lequel Bagosora est accusé avec trois autres officiers des ex-Forces armées rwandaises (FAR).

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Ancien directeur de cabinet au ministère de la défense, Bagosora est présenté par le parquet du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) comme le "cerveau" du génocide.

Le général canadien a relayé la thèse du procureur selon laquelle Bagosora détenait tout le pouvoir après l'attentat meurtrier contre l'avion du président Habyarimana, le 6 avril 1994. C'était "la personne qui détenait cette autorité et qui l'exerçait certainement", a affirmé Roméo Dallaire.

Le général canadien a par ailleurs allégué que l'attitude du colonel Théoneste Bagosora, à cette époque, pouvait faire penser à une planification des massacres. "Je n'ai jamais vu quelqu'un D'aussi calme, parfaitement à l'aise au vu de la situation", a déclaré Dallaire, ajoutant que c'était "comme si tout se passait comme il avait été planifié".

Le général Dallaire a par ailleurs accusé l'ONU de ne lui avoir pas fourni des moyens adéquats pour faire face au génocide. Les quelques 2500 casques bleus qu'il commandait ont été sensiblement réduits suite à l'assassinat de dix para-commandos belges qui faisaient partie de l'escorte de l'ancien premier ministre Agathe Uwilingiyima également tuée.

Auteur du livre "J'ai serré la main du diable", le général Dallaire déclare avoir été traumatisé par ce qu'il vécu pendant le génocide rwandais. Au cours de son témoignage principal, il n'a cependant pas fait montre D'une émotion particulière. Mercredi matin, il commencera à répondre aux questions des avocats de la défense.

Bagosora est coaccusé avec l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat-major de l'armée rwandaise, le général de brigade Gratien Kabiligi, l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, ainsi que l'ex-commandant du bataillon para-commando de Kigali, le major Aloys Ntabakuze.

Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par le juge norvégien Erik Mose et comprenant en outre les juges russe Serguei Egorov et fidjien Jai Ram Reddy.

GA/AT/GF/FH(Ml''0120B)