19.01.2004 - TPIR/MILITAIRES I - BAGOSORA AURAIT VOULU FAIRE UN COUP D'ETAT EN 1994, SELON DALLAIRE

Arusha, le19 janvier 2004 (FH) - Le colonel Théoneste Bagosora, principal accusé dans le procès "Militaires I", aurait faire voulu faire un coup D'Etat en avril 1994, a allégué le général canadien à la retraite, Roméo Dallaire, lors son témoignage lundi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Roméo Dallaire, qui commandait la Mission des Nations Unies pour l'assistance au Rwanda (MINUAR), a fondé son opinion sur le fait qu'il avait refusé de reconnaître l'autorité du premier ministre Agathe Uwilingiyimana, alors que le président venait D'être tué dans un attentat.

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Directeur de cabinet au ministère de la défense, le colonel Bagosora a présidé une réunion D'officiers le soir du 6 avril 1994, à laquelle a également assisté le général Dallaire. Bagosora se serait alors opposé à ce que Mme Uwilingiyimana prenne les affaires en main, déclarant qu'elle "n'avait aucune autorité, que la nation ne la reconnaissait pas comme dirigeant".

Le général Dallaire a déclaré qu'il avait dès lors compris que Bagosora était dans la logique D'un coup D'Etat.

Bagosora aurait ajouté que pour lui, Mme Uwilingiyimana "n'existait pas et ne dirigeait pas quoique ce soit" depuis janvier 1994.

Agathe Uwiliyingiyimana a été assassinée par des soldats rwandais le 7 avril 1994, aux premières heures du génocide anti-tutsi et des massacres D'opposants qui ont fait un million de morts entre avril et juillet 1994. Dix casques bleus belges qui assuraient son escorte ont été également tués ce jour-là.

Le général Dallaire a cependant ajouté que Bagosora lui avait expliqué qu'il n'avait pas l'intention de prendre le pouvoir. "Les militaires n'étaient là que pour veiller au respect de la sécurité, pour que l'on puisse transférer le pouvoir de manière sereine à une structure civile", lui avait-il indiqué.

Roméo Dallaire a affirmé que dès le 6 avril 1994, Bagosora était "la personne qui détenait cette autorité et qui l'exerçait certainement".

Le colonel Bagosora est poursuivi avec trois autres officiers des ex-Forces armées rwandaises (FAR) pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

Ses coaccusés sont l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat-major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, ainsi que l'ex-commandant du bataillon para-commando de Kigali, le major Aloys Ntabakuze. Le général Dallaire a jusqu'ici témoigné contre Bagosora.

Le procès "Militaires I" se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par le juge norvégien Erik Mose et comprenant en outre les juges russe Serguei Egorov et fidjien Jai Ram Reddy.

La déposition du général Dallaire devrait se poursuivre jusqu'au 30 janvier.

AT/GF/FH (Ml''0119B)